Des dizaines de migrants portés disparus en mer Méditerranée
Vendredi et samedi, quatre embarcations, où se trouvaient environ 260 personnes, ont été repérées au large des côtes maltaises. L’une d’elle a ensuite été portée disparue, faisant craindre un possible naufrage. Une opération de recherche est menée ce lundi par l’agence européenne de contrôle des frontières (Frontex). «En l'absence d'embarcations présentes sur zone, il est très difficile pour le moment de confirmer qu'il y a bien eu naufrage et le nombre de victimes, a affirmé à l’AFP Flavio di Giacomo, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les informations qui ont circulé sont très préoccupantes. Et malheureusement, par expérience, nous considérons comme probable le fait qu'il y ait des naufrages en mer dont on n'a pas connaissance».
Frontex affirme avoir prévenu les autorités italiennes, maltaises, libyennes et tunisiennes ; mais plusieurs ONG dénoncent une inaction générale, et fustigent l’indifférence et la passivité de l’Europe à l’égard des migrants.
L’appel du Pape
Lors de sa bénédiction Urbi et Orbi donnée en ce dimanche de Pâques, le Pape François a évoqué, comme il le fait inlassablement, le sort des migrants et des réfugiés : «Que le Seigneur de la Vie réchauffe le cœur des nombreuses personnes réfugiées et déplacées, à cause de guerres, de sécheresse et de famine. Qu’il donne protection aux nombreux migrants et réfugiés, beaucoup d’entre eux sont des enfants, qui vivent dans des conditions insupportables, spécialement en Libye et aux frontières entre la Grèce et la Turquie», a-t-il déclaré, demandant à chacun de bannir l’indifférence, l’égoïsme, la division et l’oubli.
Samedi 11 avril, il a fait part de sa proximité aux ONG venant en aide aux migrants, dans une lettre adressée au chef de mission de l’ONG Mediterranea Saving Humans, qui s’inquiétait de la décision des autorités italiennes de fermer ses ports aux navires humanitaires.
La peur ne doit pas l’emporter sur l’accueil
La pandémie actuelle a quelque peu occulté le sort souvent tragique des migrants et réfugiés qui tentent de gagner l’Europe. Ces derniers jours, plusieurs d’entre eux ont débarqué sur l’île de Lampedusa. Souvent contraints de rester plusieurs heures sur leur embarcation avant d’être secourus et autorisés à poser le pied sur la terre ferme, les migrants sont ensuite conduits dans des centres d’accueil pour une période de quarantaine, avec le risque que ces «hotspots», déjà surpeuplés, se transforment en foyers de contagion.
On ne constate, pour le moment, aucun danger en ce sens, affirme le père Carmelo La Magra, curé de Lampedusa. Interrogé par nos confrères italiens, il indique cependant que l’île ne saurait face à une situation de ce type. A l’heure actuelle, il est nécessaire pour lui de trouver le moyen de «sauver les choses les plus importantes : la sécurité, la santé et la vie des personnes». La peur ne doit pas prendre le pas sur l’accueil et la partage, insiste-il : «nous sommes en train de vivre une grande occasion, celle de se mettre à place de l’autre ; en cette période, avec prudence, avec toutes les normes de sécurité possibles, nous ne pouvons pas négliger aussi la qualité, l’accueil, la fraternité humaine».
Avec le retour des beaux jours, le nombre de migrants tentant de rejoindre l’Europe via l’Italie devrait logiquement augmenter. «La crise actuelle du coronavirus ne peut pas rendre moins impératif le secours aux naufragés», a assuré à l’AFP Carlotta Sami, porte-parole en Italie de l’UNHCR.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici