Poursuite des violences au Cameroun, Nigéria et en RCA malgré l'appel au cessez-le-feu
Marine Henriot, avec agences - Cité du Vatican
Dans le Noso -le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun-, l’appel pour un cessez-le-feu général du secrétaire des Nations unies, rejoint par le Saint Père, a été entendu et des responsables sécessionnistes anglophones ont accepté de signer un arrêt des violences. Mais dans les faits, déplore à l’agence Fides Mgr Andrew Nkea Fuanya, archevêque de Bamenda dans le Nord-Ouest camerounais, les responsables qui ont accepté de signer ce cessez-le-feu n’ont «pas de grande influence sur ceux qui combattent sur le terrain».
Le Cameroun, dont 80% des habitants sont francophones et 20% anglophones, connaît dans ses régions de langue anglaise une situation de conflit depuis 2016. La protestation pacifique des habitants se sentant marginalisés par le gouvernement s'est depuis lors transformée en lutte armée à basse intensité, séparatistes contre pouvoir central francophone. Pris entre deux feux, plus de 700 000 personnes ont dû fuir leur domicile, et le conflit a déjà fait plus de 3 000 morts, selon les derniers chiffres publiés en 2019. Malgré des tentatives de médiation, le conflit n'a pas encore trouvé de solution.
Au Nigeria, famine et conflit
La situation n’est pas meilleure dans le Nigeria voisin. Ajoutées aux dangers de famine que fait courir la pandémie de coronavirus, les violences des terroristes de Boko Haram continuent. Le clergé du diocèse de Jalingo a émis une déclaration collective le 17 juin dernier invitant toutes les parties au conflit à «donner une possibilité à la paix» et à sauver l'État des violences. Le nord du pays est particulièrement touché, détaille Mgr Ayu Kaigama, archevêque d’Abuja.
En plus de l'insurrection de Boko Haram, les combattants de l'ISWAP (l’organisation de l’État islamique en Afrique de l’Ouest) ont récemment multiplié les attaques meurtrières contre des communautés d'éleveurs dans le Nord-Est du Nigeria. Le 10 juin, ce sont 81 personnes qui ont été tuées lors d’une énième attaque. Plus récemment, dimanche 21 juin, des djihadistes de l’ISWAP ont attaqué des villages d’éleveurs du Nord-Est, six personnes ont été tuées.
L’inquiétude de l’archevêque de Bambari
«Malheureusement, dans certaines régions de République centrafricaine, les groupes armés sont engagés dans des batailles stratégiques visant à affirmer leur suprématie et à continuer à mettre à sac les ressources naturelles du pays», affirme Mgr Bertrand Guy Richard Appora-Ngalanibé, archevêque de Bambari en République centrafricaine.
Dimanche 21 juin, deux militaires de l'armée centrafricaine ont été tués dans une embuscade tendue par des éléments d'un des principaux groupes armés à Besson, dans l’Ouest de la RCA.
À quelques mois d'une élection présidentielle à haut risque, prévue pour décembre 2020, et malgré l'accord signé en février 2019, la Centrafrique est toujours en proie aux exactions des milices, et le gouvernement ne contrôle qu'une petite partie du territoire.
Le prélat centrafricain tient cependant à se montrer optimiste, et se réjouit des initiatives interreligieuses de sensibilisation sur le nouveau coronavirus, «Avec le soutien de nos frères protestants et musulmans, réunis comme partie intégrante de la Plateforme interreligieuse à Bambari, nous nous efforçons d'augmenter la prise de conscience, afin d'activer des campagnes contre la pandémie dans la mesure où de nombreuses personnes ne se rendent pas encore compte du danger».
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