Covid-19 : aggravation probable du travail des enfants
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Ce vendredi 12 juin est célébrée la Journée mondiale contre le travail des enfants. Mercredi, à l'issue de l'audience générale, le Pape François a lancé un appel aux autorités de tous les pays pour combler «les lacunes économiques et sociales qui sous-tendent la dynamique faussée dans laquelle ils [les enfants] sont malheureusement impliqués», car ce «phénomène» «prive les garçons et les filles de leur enfance et met en danger leur développement intégral».
«Dans plusieurs pays, de nombreux enfants et jeunes sont contraints d'occuper des emplois inadaptés à leur âge, pour aider leurs familles dans des conditions d'extrême pauvreté», a encore souligné le Saint-Père. «Dans de nombreux cas, il s'agit de formes d'esclavage et d'emprisonnement, qui entraînent des souffrances physiques et psychologiques».
Les améliorations depuis l'an 2000 menacées
L'Organisation internationale du Travail (OIT) et l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'Enfance, ont publié à l'occasion de cette journée une étude conjointe sur les répercussions de la pandémie de Covid-19 sur les enfants. Il en ressort que des millions d'entre eux pourraient être contraints de travailler, faisant augmenter alors pour la première fois depuis vingt ans leur nombre. En 2017, ils étaient 152 millions dans le monde, soit 94 millions de moins qu'en 2000.
70 % d'entre eux «travaillent dans le secteur agricole, dans l'agriculture commerciale, dans les plantations surtout et contribuent aux besoins des familles dans les zones rurales», détaille pour Vatican News Francesco D'Ovidio, responsable de l'unité de Solutions et Innovations au sein de l'OIT. «De ces 73 millions d'enfants, presque 50 % travaillent dans des conditions particulièrement dures considérées comme les pires formes de travail de mineurs : prostitution infantile, traite des mineurs, servitude pour dettes et autres formes d'exploitation comme l'utilisation des mineurs dans les conflits armés et des occupations retenues comme particulièrement dangereuses par les autorités nationales», poursuit-il.
Pérenniser les politiques exceptionnelles
La crise née de la pandémie de Covid-19 montre que «la protection sociale s'avère vitale car elle permet de venir à la rescousse des plus vulnérables» affirme Guy Rider, le directeur général de l'OIT. «Il est donc véritablement essentiel d'intégrer la question du travail des enfants dans le cadre plus large des politiques en matière d'éducation, de protection sociale, de justice, de marché du travail ainsi que des droits humaines et des droits au travail» ajoute-t-il.
Pour que cette crise devienne une opportunité, il faut que les politiques socio-économiques mises en place principalement en Europe mais aussi dans d'autres pays de manière exceptionnelle et pour lesquelles ont été trouvés des fonds, «ne soient pas oubliées une fois la pandémie passée et qu'elles soient maintenues sur le long terme» estime Francesco D'Ovidio. Ces politiques étaient «des demandes très fortes que nous avons toujours conçues comme des instruments pour lutter conte le travail des mineurs ou pour renforcer l'éducation, les système sanitaire et de protection sociale».
La priorité : éduquer les enfants
L'éducation, c'est l'arme privilégiée par l'Unicef pour faire reculer le travail des enfants. «On peut changer la donne grâce à une éducation de qualité, des services de protection sociale et de meilleurs opportunités économiques» affirme ainsi Henrietta Fore, la directrice générale du Fonds pour l'enfance.
Avec la fermeture des établissements à cause du confinement, près d'un milliard d'apprenants à travers le monde sont ou ont été touchés. Et la réouverture des classes ne sera pas toujours synonyme de retour des enfants sur les bancs, de nombreux parents n'ayant plus forcément les moyens de les y renvoyer, craint l'Unicef. Les ravages sociaux de la Covid-19 ne font que commencer.
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