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Restes du village d'Aldela da Paz attaqué par un groupe jihadiste (août 2019) Restes du village d'Aldela da Paz attaqué par un groupe jihadiste (août 2019) 

Mozambique: l'évêque de Pemba dénonce un climat de terreur à Cabo Delgado

L’évêque brésilien de Pemba témoigne d’une situation dramatique dans le nord du Mozambique ; depuis 3 ans, la région de Cabo Delgado est en effet le théâtre d’attaques terroristes meurtrières ayant entrainé la fuite éperdue de dizaines de milliers de civils.

Le Pape lui-même attirait l’attention du monde sur cette crise méconnue ; c’était lors de son message Urbi et Orbi du dimanche de Pâques dernier. «Que la crise que nous affrontons ne nous fasse pas oublier tant d’autres urgences qui portent avec elles les souffrances de nombreuses personnes. Que le Seigneur de la vie se montre proche des populations en Asie et en Afrique qui traversent de graves crises humanitaires, comme dans la région de Cabo Delgado, au nord du Mozambique», avait-il ainsi déclaré depuis la confession de Pierre, dans la Basilique dédiée au prince des apôtres.

Dans un entretien accordé à la Conférence épiscopale du Brésil, son pays d’origine, l’évêque de Pemba salue un «appel important» qui a décidé le gouvernement mozambicain à renforcer la sécurité pour lutter contre ces violences.

Un climat de terreur

Les attaques de groupuscules islamistes, se revendiquant pour certains de l’État islamique, ont débuté en 2017 et tendent à s’intensifier depuis quelques mois. De l'avis de certains experts, l’irruption de ces bandes armées -dont on sait fort peu de choses- aurait un lien direct avec la découverte récente de riches gisements gaziers au large des côtes de cette province.

Ces jihadistes sèment la terreur parmi la population, brûlant les villages, s’attaquant aux civils le long des routes et dans les transports. Un bilan officiel fait état d’environ 900 morts et de 200 000 personnes déplacées. Mgr Luiz Fernando Lisboa témoigne d’un climat de peur: «à cause du déplacement des populations, les maisons accueillent quelque 15, 20, 25 personnes… En ce temps de pandémie, il est donc très difficile de respecter la distanciation physique. Ceux qui n’ont pas pu quitter leur village finissent par dormir dans la brousse, par peur du conflit», souligne-t-il encore.

L'intervention salutaire du Pape

Il va sans dire que cette crise sécuritaire aggrave une situation déjà difficile. «La population était très pauvre, mais le peu qu’elle a est maintenant perdu à cause de cette violence permanente», déplore Mg Lisboa. Il précise que la Caritas locale est très engagée auprès des populations, déjà fortement éprouvées il y a quelques mois par le cyclone Kenneth et ses conséquences dramatiques : «nous n’avons pas assez de nourriture car personne n’a pu semer et récolter cette année. Nous souffrons de la faim et nous avons besoin de la solidarité de tous», assure l’évêque de Pemba.

L’Église locale a toujours parlé de cette crise en demandant de l’aide et du soutien, sans réussir à se faire entendre sur la scène internationale, souligne Mgr Lisboa, pour qui l’intervention du Pape en avril dernier a permis de lever le voile du silence qui entoure ce pays d’Afrique australe. L’évêque brésilien invite donc plus que jamais à la prière, afin que ces populations martyrisées de Cabo Delgado puissent enfin jouir d’une existence paisible et sûre.

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02 juin 2020, 13:44