L’Afrique du Sud à l’épreuve de la Covid-19
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Le nombre d’infection repart à la hausse en Afrique du Sud: les provinces du Cap-Occidental, du Gauteng et du Cap-Oriental concentrent le plus de nouvelles contaminations par la covid-19. Selon des chiffres datant du 1er juillet, 2749 personnes sont décédées des suites de la pandémie dans le pays. Au regard des pays européens ou américains, c'est peu, mais cela fait de l’Afrique du Sud l’État le plus touché sur le continent africain. Ce qui est à relativiser puisque les autorités sanitaires testent beaucoup plus, et «plus vous allez tester, et plus vous allez trouver» remarque Marianne Séverin, du laboratoire de recherche des Afriques dans le monde de Sciences Po-Bordeaux. «En outre, le gouvernement sud-africain est très transparent», précise-t-elle, avec des bilans complets communiqués tous les deux jours.
Le gouvernement sous le feu des critiques
Ce regain de contamination qui intervient après la levée progressive des restrictions, «bien plus sévères que dans certains pays européens» - note la chercheuse - ne doit pas faire oublier la bonne gestion jusqu’à maintenant de la pandémie. «Le gouvernement a pris les meilleures décisions possibles dans un contexte très particulier même si aujourd’hui il est accusé d’autoritarisme» ajoute-t-elle. Ce qui ne manque pas d’ironie estime Marianne Séverin, puisque quand le président Cyril Ramaphosa a pris la décision de confiner la population fin mars, «l’opposition a applaudi». Certes, «il y a eu des violations des droits humains à cause des militaires et des policiers qui frappaient à tout va, qu’il y a eu un décès à cause d’une action des militaires». Mais c’est au bout de deux mois, quand la nécessité de faire repartir l’économie est apparue que les critiques se sont multipliées à l’encontre du gouvernement.
Cette pandémie révèle les fragilités de l’Afrique du Sud : «les inégalités vont être encore plus grandes entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas» affirme Marianne Séverin. Entre ceux qui n’ont pas pu travailler pendant le confinement et qui n’ont eu aucun revenu et les enfants qui n’ont pas pu suivre les cours à distance faute d’ordinateur ou d’accès à internet, les situations de détresse se sont aggravées. Sans oublier les violences contre les femmes : «on a une autre pandémie, celle des meurtres visant des femmes ou des viols» souligne la chercheuse de Sciences-Po Bordeaux.
Note d’espoir pour Marianne Séverin: le début de test dans le pays d’un vaccin contre la covid-19, fruit d’une collaboration entre l’université d’Oxford en Grande-Bretagne et celle de Wits, à Johannesburg.
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