Baisse des naissances, l’Italie s’enfonce dans l’hiver démographique
Entretien réalisé par Hélène Destombes – Cité du Vatican
Le taux de natalité en Italie est au plus bas depuis l'unification du pays en 1861. Avec 420 170 naissances en 2019, moins 19.000 sur un an (-4,5%) la péninsule a atteint un record négatif historique. Par ailleurs, les Italiens sont de plus en plus nombreux à quitter le pays, et leur départ n’est pas compensé par les arrivées d'étrangers. Conséquence: au 31 décembre 2019, la population résidente en Italie était de 60.244.639 personnes, 189.000 de moins qu'au début de l'année, selon un rapport de l’Istat publié le 13 juillet 2020.
L’Italie est en train d’affronter un bouleversement démographique historique avec, malgré l’accueil de citoyens de 194 nationalités différentes, un vieillissement de la population. Aujourd’hui dans le pays, le nombre de décès dépasse celui des naissances. Cette faible natalité a plusieurs origines, relève Gérard-François Dumont, professeur à la Sorbonne à Paris, président de la revue Population & Avenir et membre de l’Académie pontificale des Sciences sociales.
Les Italiens se marient de plus en plus tard, ce qui retarde les naissances où les rendent impossibles. Par ailleurs, contrairement à d’autres pays comme la France «il y a peu de naissances hors mariage» en Italie. Autre facteur qui explique la chute de la natalité dans le pays: «la faiblesse de la politique familiale». À cela s’ajoute le départ de nombreux italiens en raison, observe Gérard-François Dumont, «de la situation économique dans le pays», qui n'est pas compensé par l'attraction migratoire.
De lourdes conséquences économiques et politiques
L’Italie en dépopulation depuis 1993, fait face à un vieillissement accru de ses habitants avec des conséquences multiples. Au niveau économique, l’effet est direct, relève le président de la revue Population & Avenir, «cela signifie moins de consommateurs donc la demande économique va s’appauvrir notamment concernant les enfants et adolescents». «Il y a par ailleurs une baisse de la population active et ainsi une baisse des personnes susceptibles de produire de la richesse».
Les effets au niveau politique se mesurent essentiellement au sein de l’Union Européenne dans la mesure où «le nombre de voix dont dispose un État au sein du Conseil européen est proportionnel à sa population». «Un pays dont la population diminue voit donc son nombre de voix diminuer au sein du Conseil».
Dans ce contexte, Gérard-François Dumont souligne le rôle important de l’Église pour alerter sur la dangerosité de cet hiver démographique, alors qu’«une mentalité malthusienne s’est développée et transparait dans de nombreux discours concernant notamment l’environnement». «L’Église a donc un travail considérable à faire» pour lutter contre cette tendance.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici