La Bolivie sur la route de la radicalisation
La COB (centrale ouvrière bolivienne), puissant syndicat qui représente environ deux millions de travailleurs dans le pays, a mis en place des barrages routiers début août pour faire part de sa colère. Très vite, la COB a été rejointe dans sa protestation par les partisans du MAS (Mouvement vers le socialisme), le parti traditionnel de l’ancien chef de l’État, Evo Morales. Le mouvement «a été suivi par la population indienne dans tout le pays», nous explique Claude Le Gouill, chercheur associé au centre de recherche de documentation des Amériques, le CREDA, à l’université de Sorbonne Nouvelle, qui précise que «les revendications se sont radicalisées au fil des jours».
Entre la droite au pouvoir par intérim depuis l’automne 2019 et la gauche du pays, le dialogue semble désormais rompu. L'ancien président Evo Morales, accusé de fraudes électorales et qui vit désormais en exil en Argentine, a gardé une forte influence dans les couches les plus pauvres de la société. L’opposition manifeste maintenant contre la candidature même à la présidentielle de la présidente par intérim, Jeanine Añez. Cette polarisation qui fracture la Bolivie, «l’élite économique blanche du pays contre les Indiens et les pauvres», est historique, nous détaille Claude Le Gouill.
Ces derniers mois, les tensions dans la société bolivienne, dont certaines furent gommées durant l’ère Morales, reviennent en force. Le pays se trouve dans un conflit ouvert et certains groupes de choc composés de jeunes prêts à en découdre refont leur apparition, tandis que la parole raciste se libéralise.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici