Catastrophe écologique en cours au Brésil
Marine Henriot, avec agences - Cité du Vatican
Cadavres de caïmans et loutres calcinées, flammes dévorant la végétation à perte de vue: le Pantanal, plus grande zone humide tropicale de la planète, est en proie à une catastrophe écologique sans précédent, avec des dégâts irréparables pour la biodiversité. Habituellement, le Pantanal est une région de végétation luxuriante, abritant une faune abondante. Aujourd’hui, les cendres et l’odeur de brûlé ont remplacé les feuilles et le chant des oiseaux.
Depuis le début de l’année, plus de 2,3 millions d’hectares sont partis en flammes, selon l’Université Fédérale de Rio. Plus de 12 500 foyers d’incendies ont été répertoriés, un chiffre supérieur à celui des deux années précédentes réunies.
Repaire de biodiversité
C'est une catastrophe pour les animaux vivant dans la région. Ceux qui survivent aux flammes risquent ensuite de mourir de faim ou de soif sur une terre rendue désertique. Cette semaine, le parc naturel Encontro das Aguas, proche de la frontière avec le Paraguay, connu pour abriter la plus grande concentration de jaguars au monde, a à son tour été atteint par les flammes.
De nombreux bénévoles (habitants, guides touristiques, employés ou propriétaires de ferme-auberge) prêtent main forte aux soldats du feu pour lutter contre les flammes, mais les efforts semblent peine perdue alors que la région connaît sa pire sécheresse en 47 ans et que de nombreux cours d’eau sont asséchées. De janvier à mai, au coeur de la saison humide, il a plu moitié moins que prévu au Pantanal et de nombreuses zones n'ont pas pu être inondées comme c'est le cas normalement.
Les origines ?
La sécheresse n’est pas la seule responsable de ce drame. Selon plusieurs spécialistes interrogés par l’AFP, d'autres facteurs sont à prendre en compte, notamment la substitution de végétation native par des plantes venues de l'extérieur destinées au pâturage qui brûlent plus facilement. Par exemple, Vinicius Silgueiro, de l'ONG Institut Centre de Vie (ICV) dénonce un «sentiment d’impunité» qui règne en raison «du manque de moyens des organes publics de protection environnementale».
De nombreux écologistes dénoncent par ailleurs la politique environnementale du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qu'ils jugent responsable de la recrudescence des incendies dans le Pantanal et en Amazonie.
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