Marées noires ou explosions: les dangers du stockage flottant dans le monde
Marine Henriot - Cité du Vatican
L’explosion survenue le 4 août dernier dans le port de Beyrouth au Liban a réveillé d’anciennes cicatrices et s’ajoute à une longue liste d’explosions de nitrate d’ammonium abrités dans des stockages flottants. Le 16 avril 1947, le cargo français Grandcamp stocké dans le port de Texas City aux Etats-Unis et contenant 2 080 tonnes de nitrate d’ammonium en sacs, explosait en emportant la vie de plusieurs centaines de personnes. La même année, l’explosion de l’Ocean Liberty, pour les mêmes raisons (3 300 tonnes de nitrate d’ammonium) détonnait à Brest en France, tuant 29 personnes et provoquant un raz de marée.
Le stockage de la matière destiné à la fabrication d’engrais qui sommeillait dans le port de Beyrouth avait été amené jusqu’à la capitale libanaise sur un vieux cargo appelé le Rhosus, bateau de trente ans d'âge dont le port d'attache était en Géorgie mais qui avait une boîte aux lettres en Bulgarie, tout en battant le pavillon de la Moldavie. Le véritable propriétaire du Rhosus, un magnat du transport maritime chypriote, était dissimulé derrière des sociétés écrans.
Sombres origines du navire
Il aurait loué le bateau, via une société enregistrée au Panama, à un intermédiaire russe impécunieux qui l'a donc finalement abandonné avec sa dangereuse cargaison ainsi que son équipage - en majorité ukrainien -, dans le port libanais. La Moldavie, sans accès à la mer est sur la liste noire du «Memorandum de Paris», une organisation de 27 États, en majorité européens, qui classe les pavillons selon des critères de sécurité, environnementaux et sociaux.
Dans le monde entier, des milliers de navires circulant sur les mers relèvent de pavillons de libre immatriculation, flottant sur des bateaux enregistrés ailleurs que dans leur pays d'origine. Mais la fiabilité et le sérieux de ces pavillons dits «de complaisance», l'appellation plus connue du grand public, sont variables. Ceux qui transportent du pétrole représentent également un danger, avertit Christine Bossard, porte-parole de l’association écologiste Les Robins des Bois. Elle nous alerte sur les dangers des stockages flottants, particulièrement sur le cas d’un stock de matières dangereuses au Yémen, actuellement contrôlé par les rebelles houthis.
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