La partition géostratégique de l’Europe en Méditerranée
Entretien réalisé par Delphine Allaire – Cité du Vatican
Les vives tensions en Méditerranée orientale vont dominer les discussions au sommet des sept pays membres du Med7 qu'Emmanuel Macron préside jeudi en Corse. Le président français en débattra avec les dirigeants italien Giuseppe Conte, espagnol Pedro Sanchez, grec Kyriakos Mitsotakis, portugais Antonio Costa, chypriote Nikos Anastasiades et maltais Robert Abela.
C'est la septième fois que se réunit le Med7, un forum informel qui avait été lancé en 2016 dans un contexte de fracture entre les pays du nord de l'Europe et ceux du sud sur fond de crise économique grecque.
Depuis, ces tensions nord-sud se sont apaisées au sein de l'UE, mais les pays du Med7 ressentent la nécessité de mieux se coordonner face à des défis communs: questions migratoires, crise libyenne et relations avec les pays de la rive sud de la Méditerranée.
Une Méditerranée de convergences, non d’affrontements
Selon le politologue et écrivain Thierry Fabre, spécialiste de la région, «si le chaos politique règne sur les rives méditerranéennes depuis plusieurs années, de la Syrie à la Libye en passant par la Turquie, il ne s’agit pas de coaliser la partie occidentale contre le monde oriental; il incombe à l’Europe de contribuer à un projet de convergences et non d’affrontement».
La Méditerranée européenne avait jusqu’ici peu coopéré, si ce n’est sur le volet financier et le plan de relance, remarque l’essayiste, auteur de La Fabrique de Méditerranée (Arnaud Bizalion éditeur, 2019).
Or, les enjeux climatiques, migratoires et géostratégiques vont s’accélérer les décennies à venir, s’invitant à la table des sommets. Dont les succès n’ont pas été légion dans la région, depuis le processus de Barcelone en 1995: «Dialogue euro-méditerranéen», «Union pour la Méditerrannée», «Sommet des deux rives», aucune de ces organisations ou initiatives n’a abouti à de vraies politiques ambitieuses, relève Thierry Fabre, plaidant donc pour une meilleure prise en compte des acteurs civils dans ces sociétés méditerranéennes «en quête de changements profonds».
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