Le Pantanal, précieux espace naturel victime du réchauffement climatique
Marine Henriot - Cité du Vatican
Qu’est ce que le Pantanal ?
Ce qu’on appelle Pantanal, qui vient de pântano, marais en portuguais, est une grande zone humide limitrophe entre le Brésil, le Paraguay et la Bolivie. Elle s’étend sur 160 000 km², soit une superficie plus grande que l’Angleterre.
Pour un tel espace, la zone est humainement peu peuplée. L’endroit est peu connu, isolé et difficile d’accès, 4 millions de personnes y vivent, «des populations qui au fil des siècles ont conservé l’habitat naturel», détaille Pierre Girard, hydrologue, professeur à l’université de Mato Grosso au Brésil.
Un climat particulier
Le Pantanal est traversé par le fleuve Paraguay, qui lors de la saison humide - de fin octobre à avril- inonde les terres savaniques et recouvrent les prairies où les paysans pratiquent l’élevage de vache et de boeufs, puis les eaux retournent dans les canaux des rivières et la terre sèche.
Refuge de nombreuses espèces
Préservé de l’empreinte humaine, le Pantanal constitue un des derniers refuges de nombreuses espèces animales comme le perroquet bleu, le jaguar, le grand tamanoir ou encore le grand fourmilier, qui sont assez décimés dans le reste du continent sud-américain. De nombreux reptiles comme le caïmans ont également un lieu de vie préservé dans cette zone humide. Avec ces incendies, «nous avons perdu sans doute des millions d’animaux, alerte Pierre Girard, également beaucoup de perte pour les populations indigènes qui ont perdu plus 50% de leur territoire», «c’est une catastrophe écologique et humaine»
Comment expliquer ces incendies ?
Cette vague d’incendie est imputable à la grande sécheresse qui sévit actuellement dans la région. «Il y a eu très peu de pluie l’an passé», nous explique l’hydrologue, et les températures cette année sont particulièrement élevées. La terre, habituellement gorgée d’eau, est donc aride. Une conséquence directe du changement climatique, «les territoires qui ont des saisonnalités très marquées ont de plus en plus de grandes sécheresses, plus intenses et plus prolongées», détaille le spécialiste, énumérant les incendies en Amazonie, aux Etats-Unis, en Australie…
Par ailleurs, la déforestation de l’Amazonie a un impact direct sur les pluies au Pantanal : amputée, la forêt amazonienne ne peut plus jouer son rôle de réservoir de pluie qui ensuite se déplacent dans la région.
Les causes de ces incendies sont aussi politiques, précise Pierre Girard, les paysans sont de plus en plus encouragés à entrer dans les territoires naturels pour les cultiver, et cela se fait notamment par l’agriculture sur brûlis.
Retour en arrière ?
Les grands mammifères touchés par cette catastrophe comme les jaguars ont un taux de reproduction plutôt faible et il faudra compter des années avant de retrouver une population d’animaux comparable à celle d’avant le drame.
Concernant la repousse de la végétation, celle en zone savanique peut se faire en quelques années tandis qu’il faut compter des décennies pour une végétation de type forêt. «Cela dépend également des décisions politiques qui vont être prises, va-t-on dire “maintenant que tout a brûlé on va faire de l’agriculture”, ou va-t-on laisser la terre se reposer ?», questione Pierre Girard.
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