Au Mozambique, la paix demeure un "rêve" selon l’évêque de Chimoio
Vatican News
Le 4 octobre 1992, le président mozambicain, Joaquim Chissano, et le chef de la Résistance nationale mozambicaine (ReNaMo), Afonso Dhlakama, signaient à Rome un traité de paix mettant fin à la guerre civile qui avait éclaté en 1975, immédiatement après l'indépendance du Portugal. L'accord avait été obtenu grâce à la médiation de la Communauté de Sant'Egidio et du représentant du gouvernement italien, Mario Raffaelli.
Vingt-huit ans plus tard, le processus de paix reste «fragile» et difficile à consolider estime Mgr Hatoa Nunes. «Bien qu’ils souhaitent la paix», les Mozambicains ne parviennent toujours pas à «travailler ensemble au développement du pays», regrette l’évêque de Chimoio dans un entretien accordé à Aci Africa. Des difficultés liées à l’application de ces accords demeurent, comme en témoignent selon lui «les différents traités signés depuis afin de tenter de résoudre les aspects manquants ou mal développés des accords de Rome».
Des différends avaient même poussé la ReNaMo à reprendre les armes après avoir rejeté les élections de 2014. Une trêve provisoire avait été conclu en décembre 2016, mais il avait fallu attendre la visite du Pape dans le pays pour pousser les principaux acteurs à mettre un terme aux hostilités. Quelques jours avant le déplacement apostolique du Pape dans le pays, un nouvel accord avait été signé par le président Filipe Nyusi et l’actuel responsable de l’ancienne rébellion séparatiste, Ossufo Momade.
Malgré cet accord du 6 août 2019, la situation serait critique selon le prélat. Il souligne qu’après la venue du Pape, «la réconciliation a été mise de côté» lors les élections d’octobre 2019.
Pour lui, «la paix ne dépend pas uniquement de la signature de traité mais des conditions de vie des personnes et de la manière dont on gère les problématiques, après qu’un accord ait été conclu».
Trois ans de violences djihadistes à Capo Delgado
Aujourd’hui de nombreux Mozambicains continuent à «vivre dans la peur à cause de violences qui perdurent» constate l’évêque. Il évoque en particulier les attaques qui frappent le centre et le Nord du pays.
Il y a précisément trois ans, en octobre 2017, une trentaine d'hommes armés ont lancé un raid à l'aube contre trois commissariats de la ville portuaire de Mocimboa da Praia.
Ce fut le début d’une explosion de la violence dans la province septentrionale de Cabo Delgado, une zone riche en ressources gazières non loin de la frontière tanzanienne. Les opérations sporadiques des «shebabs» se sont multipliées, et les modalités de combat se seraient perfectionnés depuis l’allégeance des combattants au groupe État islamique en 2019. L’EI qui n’aurait cependant revendiqué que 10% des attaques. En août dernier, les djihadistes ont pris le contrôle du port stratégique de Mocimboa da Praia, et ils seraient actuellement en train de conduire des opérations sur les voies routières et maritimes autour de la ville pour y instaurer un blocus.
Le 19 août, après la prise de Mocimboa da Praia, le Pape François avait appelé l’évêque de Pemba pour l’assurer de sa proximité et l’encourager dans sa mission. Mgr Luiz Fernando Lisboa l’avait alors remercié d’avoir mentionné la situation critique dans laquelle se trouvait la population du nord du Mozambique lors de son message de Pâques Urbi et Orbi. «Vous avez mis Cabo Delgado sur la carte du monde», lui avait dit dit. Depuis, assure l’évêque, des congrégations et des organisations humanitaires ont pris contact avec lui.
En trois ans, 600 attaques ont été organisées selon l’ONG ACLED. L’ONU et différentes ONG affirment avoir enregistré plus de 2000 décès et 300 000 personnes déplacées dans la province.
(Avec VNS, Fides et AFP)
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