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Les énergies renouvelables permettent maintenant de produire l'hydrogène Les énergies renouvelables permettent maintenant de produire l'hydrogène 

L'hydrogène, la solution pour une énergie verte?

La crise environnementale et le changement climatique poussent à produire de l'énergie et à la transporter de la manière la plus écologique qui soit. L'hydrogène suscite beaucoup d'espoir mais la mise en place d'un hydrogène complètement vert n'en est qu'à ses débuts.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

L’hydrogène, l’énergie du futur, la solution à la dépendance envers les énergies fossiles, au problème de l’émission des gaz à effet de serre. Beaucoup d’espoirs sont placés dans ce vecteur énergique, l’hydrogène n’étant pas une énergie en soi, rappelle Christian de Perthuis, professeur d’économie à Paris Dauphine, fondateur de la Chaire économie du climat.

Entreprises privées comme les constructeurs de véhicules, starts-up, et États, tous investissent dans la recherche et la production d'hydrogène. Les plans d'investissement se multiplient en Europe, aux États-Unis, en Chine et au Japon pour mettre au point des camions et des voitures, et pourquoi pas dans l'avenir des bateaux et des avions, fonctionnant grâce à l'hydrogène, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre.

Trois types d'hydrogène

Mais, précise Christian de Perthuis, il ne faut pas oublier que la production d'hydrogène n'est pas nécessairement synonyme d'absence de rejet de gaz à effet de serre. Sur les 70 millions de tonnes produites par an actuellement, quasiment toutes sont «des sous-produits d'énergies fossiles, soit du gaz naturel soit du charbon» explique l'économiste. «C'est donc un vecteur énergétique carboné» poursuit-il, dont les émissions de gaz à effet de serre représentent deux fois celles de la France ou 25 % de plus que celles de l'aviation commerciale internationale en 2019. On parle alors d'hydrogène gris.

Pour parvenir à un hydrogène vert, dont l'empreinte carbone soit réduite à zéro, deux voies sont actuellement possibles. La première concerne la capture et le stockage du CO2 produite par les énergies fossiles au moment de la production d'hydrogène: il s'agit alors d'hydrogène bleu. La seconde, c'est la production d'H2 via l'hydrolyse à partir d'énergies renouvelables. C'est cette voie qui est maintenant favorisée et soutenue.

Enjeu économique

Christian de Perthuis met en garde cependant contre un fol espoir: faire de l'hydrogène le remède miracle. «Il faudra faire des choix» assure-t-il entre les transports et l'industrie. Selon lui, le mieux à faire serait d'utiliser l'hydrogène pour produire de l'acier zéro carbone. «L'industrie mondiale de l'acier est le premier secteur émetteur de CO2, or si l'on ne veut pas que la transition vers une économie bas carbone soit un frein au développement, il faudra avoir des techniques de production d'acier zéro carbone». D'où des choix à arbitrer dans les prochaines années.  

Entretien avec Christian de Perthuis, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine

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20 octobre 2020, 12:18