Face aux accords de normalisation, la Palestine cherche l’unification
Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican
Un consensus et des élections dans les six prochains mois. En Palestine, c’est la promesse des rivaux du Hamas et du Fatah, après des négociations sous la férule de la Turquie. Ces élections seraient les premières depuis 15 ans. La dernière présidentielle en Palestine remonte en effet en 2005: le successeur de Yasser Arafat à la tête du Fatah, Mahmoud Abbas avait alors remporté la mise, et accédait à la direction de l’Autorité Palestinienne. Mais un an plus tard en 2006, c’est le mouvement islamiste du Hamas qui remportait les élections législatives, les tensions devenaient croissantes entre les deux camps et en 2007, le Hamas prenait le controle de Gaza.
Depuis, les deux mouvements sont à couteaux tirés, fondamentalement opposés sur leur vision de la Palestine. Mais face aux récents accords de normalisation entre Israël et les Emirats Arabes Unis, et puis Bahreïn, les Palestiniens sont au pied du mur, «les Palestiniens considèrent qu’il est temps maintenant de se réconcilier et de former un mouvement d'union nationale pour relancer la cause palestinienne et faire face à la colonisation», estime Bichara Khader, professeur émérite de l'UCLouvain en Belgique, spécialiste du monde arabe et des relations euro-arabes.
Vrai programme ou effet d’annonce ?
Au cours de ces dernières années, ce n’est pas la première fois que les camps palestiniens annoncent des élections communes, qui n’avaient été menées à bout. Cette fois, une feuille de route à même été dévoilée, selon le Fatah et le Hamas, il y aura d’abord des élections législatives, puis celles du président de l’Autorité palestinienne, et enfin celles du conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
De quoi laisser cependant Bichara Khader perplexe: «cela demeure encore assez flou», estime-t-il, s’inquiétant d’une absence de programme commun entre les deux mouvements, «sur quel programme se base ces élections? Il doit être réaliste et porter non pas sur la justice absolue mais sur la justice du possible, un Etat palestinien sur 22% de la Palestine historique, c’est à dire la Cisjordanie et Gaza, un État palestinien digne ce nom, souverain et indépendant». Or cette idée est rejetée depuis des années par le Hamas, «les différends idéologiques sont encore profonds».
Devant l’effritement de la mobilisation des pays arabes pour soutenir la Palestine, ces mouvements diamétralement opposés vont-ils réussir à mettre leurs divergences de côté?
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