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Le village attaqué d'Aldeia da Paz dans la province de Cabo Delgado au nord du Mozambique. Le village attaqué d'Aldeia da Paz dans la province de Cabo Delgado au nord du Mozambique.  

Cabo Delgado: «Des millions de Mozambicains sont en danger»

La province de Cabo Delgado, dans le nord-est du Mozambique, a de nouveau été le théâtre d’exactions ces derniers jours. Des groupes djihadistes, actifs dans la région depuis trois ans, ont attaqué plusieurs villages. L’analyse du père Romano, de la Communauté de Sant'Egidio.

Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican

Des dizaines de personnes ont été assassinées, d’autres enlevées dans le district de Muidumbe, selon plusieurs médias locaux et internationaux. Le gouverneur de la province septentrionale dément ces informations. Emmanuel Macron a réagi à ces attaques, dans un tweet, faisant état de «50 personnes décapitées, des femmes enlevées et des villages pillées». Pour le président français, «le terrorisme islamiste est une menace internationale, qui appelle une réponse internationale».

Le père Angelo Romano de la Communauté de Sant'Egidio décrit une «situation très préoccupante». Les terroristes mènent actuellement une vaste offensive et ciblent les civils. «Ils attaquent des villages jusque-là épargnés», précise t-il. «Leur objectif est de terroriser la population et de créer un certain vide autour des zones qu’ils contrôlent». Parmi ces groupuscules jihadistes, certains ont prêté allégeance au groupe État islamique.

Des ramifications locales et internationales

«Il est évident qu’il y a une influence étrangère», affirme le père Romano évoquant la présence au nord du pays, dès 2012, de «leaders extrémistes venus du Kenya et de Tanzanie». Les djihadistes ont bénéficié d’un terrain favorable. Ils recrutent parmi une certaine couche de la population, en particulier, «de jeunes Mozambicains dans des zones marginalisées qui ne bénéficient pas du développement économique du pays». 

 

«Le gouvernement fait face actuellement à une double menace», explique le père Romano: celle, au centre du pays, de certains membres de la Renamo qui n’acceptent pas l’accord signé avec le gouvernement et celle, au nord, avec la rébellion islamiste. «La situation est très complexe et les moyens du gouvernement sont limités». Les autorités ont ainsi fait appel à l’Union Européenne notamment pour l’assistance aux déplacés.

Plus de 350 000 personnes ont fui leur village

Les Nations Unies font état d’une situation des droits de l'Homme «de plus en plus alarmante», dans cette région riche en gisements gaziers. Elles estiment à plus de 350 000 les personnes déplacées en raison de la violence, ces trois dernières années. Quelque 14 000 personnes ont fui par la mer en un mois, selon l’ONU.

Le père Angelo Romano confirme «une crise qui est en train de s’aggraver», appelant la communauté internationale à redoubler d’efforts face à un conflit longtemps oublié, qui constitue «l’une des pires situations internationales». «Des millions de personnes sont en danger», alerte t-il, reconnaissant une certaine prise de conscience tardive des acteurs internationaux de l’ampleur de la crise.

Le Pape aux côtés des populations de Cabo Delgado

L’évêque de Pemba, Mgr Fernando Lisboa, a lancé plusieurs appels à la solidarité internationale face aux violences et à la crise humanitaire. Il avait reçu, en août dernier, le soutien du Pape François lors d’un appel téléphonique. Le Saint Père, qui s’est rendu au Mozambique en septembre 2019, suit avec une grande attention les évènements qui ébranlent la province de Cabo Delgado.

Il avait manifesté sa proximité aux populations de cette région en avril dernier, à Pâques, dans son message, lors de la bénédiction Urbi et Orbi. «Le peuple mozambicain a été touché par l’attention et l’amour manifestés par le Pape au pays», confie le père Romano.  

Entretien avec le père Angelo Romano

 

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16 novembre 2020, 09:50