Au Yémen, une situation «désastreuse», alerte Mgr Hinder
«La situation du Yémen est désastreuse, témoigne d’emblée Mgr Hinder. Avec la poursuite du conflit, le problème de la pauvreté s'est aggravé ; la nourriture manque, les prix sont élevés en raison du taux d'inflation. En plus, le choléra et le manque d'eau touchent la population».
La guerre au Yémen a causé jusqu'à présent plus de 120 000 morts, mais c'est toute la population de la péninsule arabique qui en subit les conséquences économiques. Le vicaire apostolique d’Arabie du Sud s’attarde en particulier sur les difficultés des chrétiens, qui représentent une présence ultra-minoritaire : «leur nombre va diminuer à l’avenir, car la situation économique va avoir des conséquences. Beaucoup de personnes ont perdu leur emploi. Cela signifie qu'ils vont quitter le pays et cela, inévitablement, sera un coup dur pour toute la communauté», déplore-t-il.
La journée mondiale des pauvres, dont le thème cette année est «Tends la main aux pauvres» (Sir 7, 32) revêt donc une importance symbolique pour les Yéménites. Avec ses modestes moyens, l’Église présente dans le pays tente d’apporter son aide et son soutien aux populations en souffrance. Ainsi, dans la capitale Sanaa, les missionnaires garantissent la gratuité des soins aux malades et l’assistance aux plus démunis : «les Sœurs Missionnaires de la Charité rendent un service très important, leur travail suscite la sympathie et l'affection de la population. C'est un signe de proximité pour ces personnes pour leur donner l'espoir d'une vie meilleure», explique Mgr Hinder.
Selon les projections du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Yémen deviendra le pays le plus pauvre du monde si le conflit qui l'affecte se poursuit jusqu'en 2022. La guerre a entraîné l'effondrement de l'économie, avec la perte de 89 milliards de dollars d'activité à partir de 2015. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant est passé de 3 577 dollars à 1 950 dollars, un niveau jamais atteint depuis 1960. Le pourcentage de malnutrition était de 25% en 2014 ; ce chiffre est aujourd’hui proche de 36% et pourrait atteindre 50% d’ici peu.
Pour Mgr Hinder, le problème reste de savoir comment obtenir des aides de l’étranger. Faisant sienne l’exhortation du Pape dans son message pour cette journée mondiale, le vicaire apostolique l’affirme : «aider les plus nécessiteux et les plus démunis est un investissement qui rapporte à la fois pour ceux qui donnent et pour ceux qui reçoivent, c'est un revenu qui porte patiemment ses fruits en terne d’humanité», conclut-il.
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