Indonésie : l’Église condamne l’attaque perpétrée contre des chrétiens sur l’île de Sulawesi
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Vendredi matin, plusieurs hommes armés de sabres et d'armes à feu sont arrivés dans le village isolé de Lewono Lembantongoa, dans le centre de l'île de Sulawesi. Ils ont mis le feu à une demi-douzaine de maisons, y compris à un lieu de prière, et ont tué quatre hommes, des membres de l’Armée du Salut. L’un d’eux a été décapité, un autre brûlé vif.
L’Armée du Salut a confirmé ce bilan sur twitter et appelé à la prière par la voix de son directeur international, le général Brian Peddle: «J’appelle tous les salutistes à prier pour chaque personne qui a été affectée, pour le témoignage continu de notre peuple et pour la guérison dans les communautés. Je demande à notre communauté mondiale de se joindre à nous dans cette prière et je crois que lorsque la paix trouvera sa place, le mal sera vaincu. En tant que général, j’assure notre peuple en Indonésie de notre profond amour et de nos prières».
Prière pour la paix, appel à l'harmonie
La communauté catholique du pays, elle aussi sous le choc après ce massacre, assure de sa prière et de sa profonde solidarité les communautés touchées par le terrorisme et, en ce temps de l'Avent, promet d'intensifier sa prière pour la paix.
Dès le lendemain de l’attaque, l'Organisation des femmes catholiques indonésiennes, l'Association des intellectuels catholiques et l'organisation de la Jeunesse catholique ont fait part de leur consternation et de leur préoccupation. Ils ont demandé aux institutions de réagir et à l’ensemble de leurs concitoyens de «briser la chaîne de la violence et de l'intolérance» pour «sauver la nation de dangereux actes de terreur».
Dans un message publié hier, le président de la conférence épiscopale et archevêque de Djakarta, Mgr Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo, a exprimé ses condoléances aux familles des victimes et «encourage vivement toutes les parties sociales à tisser de bons rapports interreligieux et à cultiver le dialogue, la coexistence et l'harmonie», des caractéristiques typiques de la culture du peuple indonésien dans le respect de la devise nationale ‘unité dans la diversité’, souligne l’agence Fides.
Les actes commis à Lewono Lembantongoa sont «au-delà de notre humanité et de notre civilisation», «totalement contraires aux valeurs de l'humanité et aux enseignements religieux». Afin de garantir la justice et de préserver l'unité et la prospérité de l'Indonésie dans toutes ses composantes religieuses, l’Église réaffirme soutenir fermement le gouvernement local et fédéral pour affronter la lutte contre le terrorisme.
Des opérations de chasse-à-l'homme
Dans un message adressé hier à la nation, le président Joko Widodo a annoncé un soutien financier aux familles des victimes et averti qu’il «n'existe aucune place sur le sol indonésien pour des actes terroristes» qui cherchent à «provoquer la terreur et détruire l’unité nationale». Il a ainsi donné l’ordre aux forces de l’ordre de démanteler les groupes terroristes et «de les réduire à néant».
Quelques heures plus tôt, rapporte Asianews, le commandant des forces de l’air a expliqué qu’un commando se tenait prêt à lancer une chasse-à-l’homme pour traquer les terroristes, toujours en cavale. La BBC annonce ce matin que l’unité spéciale a été déployées sur place.
Interrogés par la police locale, des témoins du massacre aurait reconnu des membres du Mujahidin Indonesia Timur (MIT) dont ce serait la première attaque, si elle était confirmée, depuis qu'une unité anti-terroriste a tué le dirigeant du groupe islamiste il y a quatre ans.
Ce groupe serait «l'un d'une dizaine de groupes radicaux dans le pays qui ont fait allégeance à l'EI» explique l’AFP. Mais l’île de Sulawesi est le théâtre de violences à caractère religieux depuis de nombreuses années, opposant des communautés protestantes à des groupes radicaux musulmans. Elles étaient particulièrement virulentes entre 1999 et 2001, souligne Fides, «lorsque d'anciens combattants djihadistes indonésiens revenus des Philippines et d'Irak, se sont unis aux musulmans locaux pour faire la guerre aux chrétiens».
Une trêve avait été signée en 2001 lors des accords de Malino, mais des attentats terroristes ont continué, et le groupe Mujahidin Indonesia Timur (les Moudjahidine de l'Est de l'Indonésie) restent actifs, malgré la suppression de leur chef par l’armée en 2016. Selon une experte en terrorisme basée à Jakarta, Sidney Jones interrogée par l’AFP, le MIT est soupçonné d'avoir envoyé des hommes se faisant passer pour des humanitaires à Palu, sur l’île de Sulawesi touchée par un tremblement de terre suivi d'un tsunami en 2018, afin de recruter de nouveaux membres.
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