USA: les évêques s'opposent à l'inscription de Cuba sur la "liste noire"
Marine Henriot - Cité du Vatican
Les mots de Mgr David J. Malloy, président de la Commission Justice et Paix internationale de la conférence épiscopale américaine, sont pour le moins clairs : «Je voudrais exprimer mon profond désaccord avec la décision prise par le Secrétaire d'Etat, M. Pompeo, visant à ajouter Cuba à la liste des Etats appuyant le terrorisme», écrit-il dans une note publié sur le site internet de la conférence des évêques américains, le 12 janvier, au lendemain de la décision américaine concernant La Havane.
Des relations avantageuses des deux côtés
«Pendant des décennies, en collaboration avec le Saint-Siège et la majeure partie de la communauté internationale, la Conférence des évêques des Etats-Unis a sollicité la collaboration et les relations réciproquement avantageuses entre les États-Unis et Cuba ainsi que la pleine révocation de l'embargo économique à l'encontre de la nation insulaire», écrit l’évêque. «Nous avons besoin de plus de relations entre les États-Unis et Cuba et non pas de moins de relations, pour construire des relations commerciales, culturelles et scientifiques réciproquement avantageuses, qui produiront une prospérité durable pour nos deux nations.», ajoute Mgr David J. Malloy, priant pour que «nous ne nous lassions jamais de travailler en vue de ces objectifs et que les deux parties reconnaissent la nécessité de l'amitié et de la collaboration».
Dans l’une de ses dernières estocades avant son départ du pouvoir, l’administration du président sortant Donald Trump a annoncé, lundi 11 janvier, inscrire à nouveau l’île de Cuba sur sa liste noire des «États soutenant le terrorisme». Le département d'État américain accuse Cuba d’avoir apporté «son soutien de manière répétée à des actes de terrorisme international en donnant refuge à des terroristes», selon le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, à neuf jours de la fin de mandat de l'exécutif républicain et de l'entrée en fonctions du président élu démocrate.
Retour en arrière
La Havane avait quitté la liste en 2015, lors du rapprochement spectaculaire opéré par l'ancien président démocrate Barack Obama, dont Joe Biden était le vice-président. La même année, grandement soutenus et encouragés dans cette démarche par le Saint-Siège, les deux pays ennemis avaient rétabli leurs relations diplomatiques pour tenter de tourner la page de la Guerre froide.
Lors d'une visite historique en 2016 à Cuba, Barack Obama était même devenu le premier président américain en exercice à fouler le sol cubain depuis la révolution castriste de 1959. Avec cette décision de l’administration Trump, Cuba rejoint sur cette liste noire l'Iran, la Corée du Nord et la Syrie. Le Soudan vient d'en être retiré.
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