Présidentielle en Ouganda après une campagne marquée par la répression
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Vers un sixième mandat présidentiel pour Yoweri Museveni? Après trente-cinq ans à la tête d’un régime politico-militaire, l’autocrate devrait à nouveau remporter le scrutin et garder les rênes de ce pays enclavé d’Afrique de l’Est. Durant ces derniers mois, le président de 76 ans et aux membres de son parti de ont mené une campagne tambour battant, quitte à museler l’opposition dans la violence.
Selon l’ONU, la période de campagne électorale a été marquée «par un usage excessif de la force par les forces de l’ordre». Entre le 18 et le 20 novembre, au moins 54 personnes ont été tuées lors d’émeutes et de manifestations dans au moins sept districts du pays, à la suite de l’arrestation et la détention de deux candidats à la présidence de l’opposition, Robert Kyagulanyi, également connu sous le nom de Bobi Wine, et Patrick Oboi Amuriat, ainsi que de membres de l’opposition politique. Journalistes couvrant l'opposition, critiques du régime, membres d’organisations de défense des droits de l’homme ou d'observation des élections ont été ciblé par la répression, suscitant des craintes pour l'équité et la transparence de l'élection. Face au risque redouté d’explosion, les évêques ont appelé au calme, et surtout à une élection libre.
Une popularité ambiguë
Ces tensions pré-électorales ne sont pas une nouveauté, explique Florence Brisset-Foucault, maître de conférence à l’Université Paris 1-Panthéon- Sorbonne et chercheur à l’IMAF, l’Institut des Mondes Africains. Mais depuis une vingtaine d’années, on remarque une «accentuation, lentement mais sûrement».
La chercheuse revient aussi sur le profil de Bobi Wine, 38 ans, ancienne star de la chanson surnommée le “président du ghetto”. Il n’est pas «issu du sérail de la vieille classe politique», mais a réussi à s’imposer comme le principal adversaire de Museveni.
Si le président sortant maintient son emprise sur le pouvoir en recourant à des méthodes despotiques, beaucoup d’Ougandais lui sont toutefois reconnaissants pour la pacification progressive du pays et des progrès en matière de développement. Un héritage qui pourrait lui permettre de continuer son règne.
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