Philippines: l’Église condamne le meurtre de leaders indigènes par l’armée
Les faits se sont déroulés à Tapaz, dans la province centrale du Capiz ; les forces de sécurité, intervenues pour appréhender plusieurs membres présumés de la Nouvelle armée volontaire, branche armée du Parti communiste des Philippines, ont tué 9 leaders indigènes Tumandok. Selon les autorités, ceux-ci auraient tenté de résister à leur arrestation. Mais cette version officielle ne convainc pas l’archidiocèse de Capiz, qui a fermement condamné cette opération et demandé une enquête officielle.
Appel à la protection des peuples indigènes
Mgr Gerardo Alminaza, évêque de San Carlos, dans la province du Negros occidental a également réagi avec vigueur: «Devons-nous tuer nos ennemis présumés, surtout s'ils ne sont pas armés? Est-ce ainsi que nous célébrons Noël en tant que pays chrétien et que nous saluons la nouvelle année? Peut-on considérer comme une grande réussite le fait que neuf chefs de tribus aient été tués?», interroge le prélat dans un communiqué. «Combien de temps cette spirale de la violence va-t-elle se poursuivre? Avons-nous épuisé les moyens pacifiques? Croyons-nous vraiment et sérieusement que c'est un moyen efficace et durable de résoudre nos maux sociaux?», se demande encore Mgr Alminaza, notant que de nombreux catholiques de son diocèse ont été étiquetés comme sympathisants des rebelles communistes et ont subi des exécutions extrajudiciaires.
Selon l’évêque, cet incident est une nouvelle attaque contre les peuples indigènes que le gouvernement devrait plutôt protéger: «ils sont sans défense et beaucoup d'entre eux ont encore besoin d'éducation. Au lieu de les tuer, il devrait les armer d'une éducation qui leur permette de mieux comprendre les problèmes», suggère-t-il.
L'assassinat des dirigeants indigènes de Capiz s'ajoute à une longue liste d’exactions et de meurtres contre des leaders sociaux, qui s’insère elle-même dans le contexte plus global de la violente guerre anti-drogue menée par le président Rodrigo Duterte. Cette escalade a été condamnée à plusieurs reprises par l’Église philippine, qui s’est élevée contre la loi antiterroriste adoptée l’année dernière par le gouvernement et considérée par les organisations de défense des droits de l'Homme comme un nouveau bâillon mis sur toute forme d’opposition dans le pays.
Vatican News Service - LZ
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