Portugal: le Parlement légalise l'euthanasie
L’agenda politique en faveur de l’euthanasie a été maintenu, malgré la crise du coronavirus. En juin dernier, l’Association portugaise des juristes catholiques soulignait ce paradoxe. L'expérience du coronavirus, «nous a rappelé précisément la valeur suprême de la vie humaine dans toutes ses phases et la mission des travailleurs de la santé». La pratique de l'euthanasie, au contraire, «fausse jusqu'au bout la tâche des professionnels de la santé», dont la mission «a toujours été, et doit continuer à être, de servir et de protéger la vie humaine».
Choisir l'euthanasie en pleine pandémie
Aux prémices de la pandémie, alors que les parlementaires programmaient l’examen du texte, l'Ordre des médecins portugais abondait déjà en ce sens. Rejoignant le mouvement d'opposition mené par l'Église, il se déclarait contraire à une légalisation de la mort médicalement assistée «car cela va à l'encontre de la pratique médicale et viole le code déontologique de l'Ordre des médecins», affirmait son président Miguel Guimaraes le 18 février dernier. «Les médecins apprennent à soigner les patients et à sauver des vies. Ils ne sont pas prêts à participer à des démarches conduisant à la mort», ajoutait-il à l'issue d'une audience avec le président de la République, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa.
Ce vendredi, le texte qui ne figurait dans aucun des programmes des partis politiques présent au Parlement a été approuvé avec 136 voix pour, 78 voix contre et 4 abstentions. Il va maintenant être soumis au président conservateur tout juste réélu. Marcelo Rebelo de Sousa pourra soit mettre son veto, soit le promulguer ou le soumettre à l'analyse de la Cour constitutionnelle.
L'inviolabilité de la vie humaine inscrite dans la Constitution
Pour les juristes catholiques, «la légalisation de l'euthanasie va à l'encontre de deux fondements du système juridique: celui de l'inviolabilité de la vie humaine, consacré par la Constitution, et celui pour lequel toutes les vies humaines sans exception sont dignes de protection».
Encore en gestation, le projet de loi avait été défini par le groupe de travail interreligieux “Religion-Santé” du pays comme un «acte de démission collective énorme et grave» de la part des acteurs publics. Catholiques, orthodoxes, juifs, bouddhistes, évangéliques, hindous, musulmans, adventistes et mormons s'y sont opposé dès le départ à l'unanimité.
«La possibilité légale de mort assistée par euthanasie ou suicide assisté, écrivait le groupe dans une note en février 2020, revient à encourager l'option de la mort, en particulier vis-à-vis de ceux qui vivent dans des conditions de solitude ou de fragilité et voient la mort comme une solution». «Nous croyons que l'inviolabilité de la vie humaine, don de Dieu, ainsi que la compassion comme fondement et norme de l'organisation et du fonctionnement social des communautés humaines, sont deux des plus importantes valeurs éthiques et spirituelles que les religions ont offert au cours des siècles à la civilisation dont nous sommes les héritiers», est-il aussi affirmé.
Bien accompagnés, les malades ne demandent pas à mourir
Partant de l'expérience de «la proximité avec les patients dans la vie quotidienne des centres hospitaliers», les signataires de la note réaffirmaient que «les malades accompagnés avec compétence et compassion ne demandent pas à mourir». La réponse à leur souffrance se trouve plutôt dans «les soins palliatifs», qui doivent être garantis par l'État «en quantité et qualité suffisantes» pour répondre aux besoins des patients.
De leur côté, les évêques portugais souhaitaient la tenue d'un référendum pour consulter la population dont ils pensent qu'une majorité rejetterait l'euthanasie. L'idée n’a pas été soutenue par le Parlement.
En mai 2018, l'Assemblée avait rejeté à une très courte majorité plusieurs propositions allant dans le même sens que le texte de loi adopté ce vendredi.
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