Le Sud du Yémen, théâtre d’une guerre du gaz
Entretien réalisé par Olivier Bonnel-Cité du Vatican
La situation sécuritaire dans le Sud du pays reste toujours précaire. L'activité a repris le 3 janvier à l'aéroport d'Aden, quatre jours après une attaque meurtrière qui a fait 26 morts et qui visait les membres du nouveau gouvernement d’union nationale mis sur pied le 18 décembre dernier en Arabie saoudite. Ce gouvernement est censé mettre un terme entre différents courants qui ont pourtant un ennemi commun : les rebelles chiites Houthis soutenus par l’Iran et qui contrôlent le Nord du pays.
L’une des particularités de cette guerre qui déchire le pays est sa fragmentation. Il n’existe pas deux fronts qui se font face, mais une multitude d’acteurs qui jouent leur propre partition, ce qui rend la situation géopolitique particulièrement complexe.
Une guerre dans la guerre
Derrière l’unité affichée entre les partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi et les membres du Conseil de transition du Sud, se joue pourtant une guerre dans la guerre : celle pour le contrôle des ressources en gaz du pays. Un site en particulier est le symbole de ces tensions, Balhaf, au Sud-Est du pays, où se trouve une usine de liquéfaction exploitée depuis 2009 par le groupe français Total. Parallèlement, l’État yéménite mise sur ces ressources gazières incontournables pour se maintenir à flot. Avant la guerre, le gisement de Balhaf représentait 45% des recettes fiscales du pays. Aujourd’hui, en raison du conflit, le site est à l’arrêt, il n’alimente que symboliquement en électricité quelques villages avoisinants.
L’usine est pour l’heure sous le contrôle des Émirats arabes unis, devenu ces dernières années un acteur majeur du conflit régional. Les Émirats font en effet partie de la coalition sunnite anti-Houthi qui est intervenue dans le conflit yéménite en 2015 et jouent un rôle clé dans le contrôle du Sud Yémen, que ce soit à Blahaf ou dans le port d’Aden, la principale ville du Sud où Abu Dhabi a armé des milices à sa botte.
Pour y voir plus clair sur ce conflit mêlant économie, tribalisme et géopolitique, nous avons demandé l’éclairage de Frank Mermier, chercheur au CNRS, spécialiste du Yémen.
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