Les évêques d’Irlande s’opposent à la loi sur le suicide assisté
Lisa Zengarini – Cité du Vatican
Les évêques irlandais, qui forment une conférence épiscopale unique rassemblant l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, ont exprimé leur opposition à un nouveau projet de loi promu par le gouvernement de Dublin. Ce texte prévoit que les personnes atteintes d'une maladie terminale dégénérative pourront décider du moment de leur propre mort et demander de l'aide pour mettre fin à leur vie dans des circonstances contrôlées et surveillées. Le projet de loi intitulé "Mourir dans la dignité 2020" a été présenté à l'Oireachtas Éireann (Parlement irlandais) l'année dernière et il est actuellement en cours d’examen.
Le rapport long et détaillé présenté cette semaine à la commission judiciaire du Parlement, au Conseil pour la Vie et au groupe consultatif sur la bioéthique de la Conférence des évêques catholiques irlandais (ICBC), souligne que, bien qu'il n'utilise pas ouvertement le terme "suicide", le projet de loi «vise essentiellement à permettre à une personne qui souhaite mettre fin à sa vie, de faire une déclaration officielle à cet effet et de demander une assistance médicale pour ce faire».
Les propositions du projet de loi «vont donc radicalement à l'encontre du bien commun, dont la promotion est une responsabilité particulière de l'État», déclarent le Conseil pour la vie et le Groupe consultatif de bioéthique, avertissant qu'il «encouragerait non seulement l'acceptation du suicide assisté, mais affaiblirait considérablement les protections contre le meurtre non consenti de catégories de personnes particulièrement vulnérables».
Une grave responsabilité morale
En soulignant la conviction de l'Église «que nous avons la responsabilité morale de prendre soin de notre prochain selon l'image évangélique du bon samaritain» et qu'elle "s'inspire des idées de la Lettre du Samaritain bonus, sur le soin des personnes dans les phases critiques et terminales de la vie», les évêques irlandais notent que «dans le cadre de la législation et des pratiques médicales existantes, de bons soins palliatifs, en maintenant un respect absolu de la vie humaine et en reconnaissant en même temps la mortalité humaine, offrent aux malades en phase terminale la meilleure possibilité de parvenir à une fin de vie digne et paisible», mentionnée dans le projet de loi.
À cet égard, la soumission regrette en outre que la législation proposée «n'oblige pas les soignants à fournir des soins palliatifs adéquats à la personne en phase terminale».
Un manque de compassion
Les évêques s'opposent également à l'hypothèse qui sous-tend le suicide assisté «qu'il existe des vies qui ne valent plus la peine d'être vécue». «Cette fausse hypothèse, disent-ils, érode inévitablement la base même du respect et de la protection juridique, sur une base d'égalité, de toute vie humaine, indépendamment de l'âge, du handicap, de la compétence ou de la maladie». Selon les évêques irlandais, le suicide assisté «reflète un manque de compassion de la part de la société», alors que, par une étrange manipulation des mots et des valeurs, cette même notion est souvent présentée pour le justifier la légalisation de cette pratique.
En ce qui concerne la question de l'autonomie du patient, par laquelle une personne a le droit d'être traitée et soignée d'une manière qui reflète ses valeurs, ses espoirs et ses désirs personnels, le rapport rappelle que cette autonomie «n'est pas absolue» car «en tant que membres de la société, nos décisions peuvent avoir de graves implications pour les autres».
Il met également en garde contre le fait que le suicide assisté «placerait les malades en phase terminale, les handicapés et les autres patients vulnérables sous une pression émotionnelle et sociale les poussant à mettre fin à leurs jours afin d'épargner aux autres le fardeau de s'occuper d'eux». De plus, les évêques irlandais soulignent que «la logique du suicide assisté propulse l'élargissement de la pratique vers les groupes extrêmement vulnérables et vers le meurtre non consenti», comme le confirment les données internationales sur des pays comme la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse où le suicide assisté/euthanasie a été introduit à l'origine pour des raisons «limitées», qui se sont ensuite étendues jusqu’à une inquiétante banalisation.
L’objection de conscience
Une autre question soulevée par la soumission est celle de l'objection de conscience. Selon les évêques, la disposition du projet de loi «ne reconnaît pas le droit à la liberté de conscience des professionnels de la santé qui jugent moralement mauvaise toute coopération significative avec le suicide», contraignant ainsi «les consciences des prestataires de soins objecteurs de conscience à faciliter quelque chose qu'ils savent être gravement immoral et totalement incompatible avec leur vocation de guérison».
À la lumière de toutes ces considérations et des paroles du Pape François contre «le contexte socioculturel actuel qui érode progressivement la conscience de ce qui rend la vie humaine précieuse», les évêques irlandais concluent en redisant aux parlementaires que le projet de loi «ne devrait pas être adopté».
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