RDC: L’Église joue un rôle de «veilleur» face aux violences des ADF
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Les Nations Unies ont exprimé, le 19 mars dernier, leur préoccupation face aux exactions attribuées au groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF). Un porte-parole du HCR, a fait état de près de 200 personnes tuées, dans le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, ainsi que dans des villages voisins, au sein de la province d'Ituri, depuis le début de l’année.
Les ADF ont mené des attaques contre 25 villages, incendié des dizaines de maisons et kidnappé plus de 70 personnes, en moins de trois mois, indique l’ONU. Originaires d’Ouganda, ces combattants sont considérés comme les plus violents parmi les 122 groupes armés encore actifs dans l'Est de la RDC. Le 11 mars dernier, les Etats-Unis ont placé les Forces démocratiques alliées parmi les «groupes terroristes» affiliés au groupe Etat islamique.
Les populations victimes de crimes contre l’humanité
L'abbé Aurélien Kambale Rukwata, directeur de la Commission diocésaine "Justice et Paix" du diocèse de Butembo-Beni, rappelle que «des massacres contre des populations innocentes» ont lieu dans l’Est de la RDC depuis octobre 2014. Les tueries, se sont accentuées ces derniers mois, précise-t-il.
L’Église a dénoncé depuis 2015 «des crimes contre l’humanité et une situation de génocide», souligne l'abbé Aurélien Kambale Rukwata. Les combattants font preuve d’une extrême cruauté, «des personnes ont été incendiées sur leur lit d’hôpital». Ces violences ont pour conséquence d’importants déplacements de populations et une paupérisation.
L’Église dénonce l’inertie des autorités
L'abbé Aurélien Kambale Rukwata déplore «l’impuissance» des autorités nationales et locales ainsi que le silence de la communauté internationale. Face à «ce manque de volonté politique», l’Église locale interpelle le gouvernement. Elle se mobilise pour «maintenir la flamme de l’espérance au sein de la population désemparée».
L’Église joue aussi le rôle de «veilleur» et de «sentinelle» et œuvre au rétablissement de la paix, à travers diverses initiatives dans des structures de santé ou dans des écoles. Le message transmis à la population en souffrance est que «la vie triomphera de la mort».
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