L’alarme des Églises d’Afrique australe et orientale pour Cabo Delgado
«L'insurrection à Cabo Delgado n'est pas seulement un problème mozambicain: c'est une urgence régionale, donc un fardeau pour toute l'Afrique qui ne peut être ignoré au niveau mondial»: avertit la Foccisa dans un communiqué. Cette province du nord du Mozambique est bouleversée depuis quelques années par une insurrection sanglante de groupuscules jihadistes qui se réclament pour certains de l’État islamique. Plus de 2 000 personnes ont été tuées jusqu’à présent, et 530 000 autres, déplacées. Ce drame a été porté à l'attention de la communauté internationale par celui qui était l'évêque de Pemba, Mgr Luiz Fernando Lisboa, aujourd'hui évêque de Cachoeiro de Itapemirim, au Brésil, et a suscité plusieurs appels du Pape François.
Une région convoitée car riches en matières premières
Dans un communiqué publié jeudi, à l'issue d'une réunion des secrétaires généraux des conseils nationaux des Églises membres de l'association, Foccisa rapporte avoir été mis au courant d’«attaques brutales» menées par les rebelles contre la population civile. Il s'agit notamment de «décapitations, d’enlèvements, et de trafic de d’organes», de pillages, d'incendies, d'exécutions sommaires et d'innombrables violations des droits de l'homme qui provoquent un exode massif de la population locale.
Dans ce contexte dramatique, les Églises d'Afrique australe et orientale lancent donc un appel urgent aux autorités mozambicaines et aux organismes internationaux pour qu'ils mettent fin à la violence et rétablissent la sécurité dans la province. Ils demandent au gouvernement de Maputo d’avoir le courage d'agir avec des mesures adaptées à la gravité de la situation au lieu de «minimiser» la crise en la réduisant à une question de criminalité et d'enquêter ensuite sur les «facteurs sociaux et économiques qui font de Cabo Delgado un terrain fertile pour ce type d'insurrection». La région est en effet pauvre en infrastructures, en services de base, avec un taux d'analphabétisme qui est le plus élevé du pays, mais riche en matières premières, avec d'énormes gisements de gaz naturel, des mines de graphite, des rubis et d'autres ressources dont l'exploitation n'a commencé que récemment, sans toutefois beaucoup de bénéfices pour la population locale.
Grâce à l'analyse de cette situation, poursuivent les leaders religieux chrétiens africains, le gouvernement et le peuple mozambicain «peuvent travailler ensemble à la reconstruction de leur société et collaborer avec les communautés touchées pour améliorer leur qualité de vie». À cette fin, ils demandent également le soutien des États de l'Union africaine (UA) et en particulier des membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC): «il ne s'agit pas seulement d'une crise mozambicaine car très bientôt, elle impliquera toute la zone avec un impact matériel et économique sur la vie et les moyens de subsistance des pauvres de la région», met en garde la Foccisa.
Une crise qui menace toute l'Afrique
Les leaders chrétiens s'adressent également aux acteurs économiques, notamment aux entreprises impliquées dans l'extraction des ressources naturelles de la province qui, disent-ils, doivent «contribuer à la recherche de solutions durables et ne pas se limiter à assurer la sécurité de leurs activités». Ils font ensuite appel aux opérateurs de réseaux de téléphonie mobile afin d’offrir des appels gratuits afin que les gens puissent appeler à l'aide. Enfin, ils exhortent les Nations unies à suivre de près la crise au Mozambique et toutes les crises qui menacent aujourd'hui le continent africain «avant qu'il ne soit trop tard». En conclusion, les Églises chrétiennes d'Afrique australe se joindront en prière au Conseil des églises du Mozambique pour invoquer le don de la paix sur ces terres.
Fondée en 1980, la Foccisa est membre du Conseil œcuménique des Églises (COE-WCC) et comprend les conseils nationaux des Églises de 12 pays d'Afrique australe et orientale: Tanzanie, Angola, Namibie, Zambie, Swaziland, Malawi, Kenya, Zimbabwe, Botswana, Lesotho, Mozambique et Afrique du Sud, dont la Conférence des évêques sud-africains est également membre.
Rappelons que le Pape François a lancé plusieurs appels en faveur de Cabo Delgado ; le dernier en date étant le 25 décembre, dans le message Urbi et Orbi le jour de Noël. La crise dans la province mozambicaine a été de nouveau évoquée par le Souverain Pontife lors du traditionnel discours de début d'année aux membres du corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège, le 8 février dernier.
Vatican News Service- LZ
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