L’Allemagne rend hommage aux victimes de la pandémie
Dans son homélie, le président de la conférence épiscopale Mgr Georg Bätzing a expliqué que le moment était venu de faire une pause et de se souvenir des nombreux morts de la pandémie, qui n'ont pas être accompagnés par leurs proches dans leurs dernirs jours. «Pas de visite, pas de conversation, pas de consolation dans la peur, pas de regard rassurant dans les yeux, pas de main familière», a regretté Mgr Bätzing.
«Combien il serait important, en tant que proches, de pouvoir encore s'attarder auprès du défunt, de profiter du silence et de la paix qui s'installent, de dire les derniers mots contre l'horreur qui expriment l'amour, la douleur, le chagrin et le pardon», a insisté le président de la conférence épiscopale, en soulignant aussi les blessures liées à la limitation de rassemblement pour les funérailles, qui rend aussi plus difficile le processus de deuil.
«Tout ce qui manque ici, tout ce qui est privé de proximité et d'affection par la pandémie, cela blesse l'âme.» Il a ajouté que l'histoire d'Emmaüs donne du courage: «Nos morts trouvent le chemin de la vie par la main de Jésus ressuscité. Et ceux qui font leur deuil trouveront aussi le chemin d'une nouvelle joie de vivre, bien accompagnée. Et c'est ensemble et en assumant nos responsabilités les uns envers les autres que nous trouverons le moyen de sortir de cette pandémie. Car Dieu nous accompagne», a-t-il assuré.
Ne pas rester seul sur le chemin de la douleur
Pour sa part, le président de l'Église évangélique d'Allemagne, le pasteur Heinrich Bedford-Strohm, a également abordé la situation des disciples qui pleuraient Jésus: «La mort change tout. Ce devait être un chagrin infini qui pesait sur le cœur des deux disciples sur le chemin de Jérusalem à Emmaüs à ce moment-là.» Aujourd'hui, parmi les familles endeuillées figurent de nombreuses personnes qui, «comme les deux disciples, ont perdu quelqu'un qui était parmi les plus chers, qui était peut-être le plus cher du monde. Il nous manque tellement. Elles partagent ce sentiment: il pourrait être au coin de la rue en ce moment et être là. Mais il ou elle n'est pas là.»
Et tant dans l'histoire biblique que maintenant, dans cette période de deuil qui s'accompagne de nombreuses questions, a-t-il dit, il est d'autant plus important de ne pas être seul: «Ils partagent leur besoin. Ils donnent ainsi un espace à la douleur, mettent des mots sur le chagrin, partagent leur impuissance. Tout comme nous le faisons maintenant.» Il aussi remarqué que l'expérience de la période pandémique constitue un traumatisme durable pour les générations les plus jeunes: «Nous aurons besoin de beaucoup de temps, surtout nos enfants, nos adolescents, pour qui cette crise a l'extension d'une éternité ressentie.»
Un virus qui ne connaît pas de frontières
Le président de l'Association des Églises chrétiennes en Allemagne, l'archiprêtre orthodoxe Radu Constantin Miron, a souligné: «Depuis plus d'un an, le virus domine notre vie quotidienne, sociale et professionnelle, et il ne s'arrête pas aux dénominations, aux religions ou aux nations. C'est pourquoi il est d'autant plus important que nous fassions notre deuil aujourd'hui avec ce service, mais aussi que nous posions un signe de réconfort - au-delà des frontières que le virus ne connaît pas non plus.»
Le service œcuménique a précédé la cérémonie centrale de commémoration des défunts de la pandémie de Covid-19, sous la conduite du président fédéral Frank-Walter Steinmeier. En tant qu'invitées représentant l'ensemble des personnes ayant perdu des proches, quelques familles endeuillées ont été conviées à l'église commémorative du Kaiser-Wilhelm. Le président Steinmeier était accompagné du président du Bundestag Wolfgang Schäuble, de la chancelière Angela Merkel, du président du Bundesrat Reiner Haseloff et du président de la Cour constitutionnelle fédérale Stephan Harbarth, ainsi que du maire de Berlin, Michael Müller. Des représentants musulmans et juifs ont également pris part au service commémoratif.
Bien que seules quelques personnes aient pu participer à la cérémonie de Berlin en raison de la pandémie toujours en cours, des cérémonies en hommage aux victimes du coronavirus se sont tenues dans de nombreuses localités d'Allemagne ce dimanche, dans un cadre religieux ou civil.
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