Les Albanais entre lassitude et résignation

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Dans moins de quarante-huit heures, les Albanais devront se décider si oui ou non ils confirment le parti socialiste au pouvoir, s’ils redonnent sa chance au parti démocratique ou s’ils tentent une nouvelle expérience avec de nouveaux venus en politique, comme Iton Debreshi, président du Syndicat uni des mineurs de chrome de Bulgizë.

Edi Rama, à la tête du gouvernement depuis huit ans, est vivement critiqué pour sa gestion du pouvoir. «Au fil des années on assiste à une concentration du pouvoir autour du Premier ministre et d’un petit clan de plus en plus étroit qui mêle des cadres du parti socialiste et des milieux d’affaires très très particuliers», liés au «blanchiment de l’argent de la drogue» explique Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du "Courrier des Balkans".

Parmi les sujets de fonds qui sont occultés par une campagne au ton virulent, figurent la liberté de la justice et des médias et l’intégration européenne, note le spécialiste des Balkans, même si ce dernier dossier est loin d’être une priorité à cause de la situation politique du pays.

Face à un contexte qui n’offre guère de perspectives d’amélioration, «la grande majorité des électeurs albanais sont extrêmement las», remarque Jean-Arnault Dérens. L’exode de la population traduit ainsi selon lui son «désespoir», nourri du décalage entre ses aspirations démocratiques et sociales et la réalité.