Catholiques et anglicans britanniques contre la baisse de l'aide internationale
Vatican News
«Joindre les deux bouts pendant une pandémie sur le dos des plus pauvres du monde n'est pas acceptable» : c’est ce qu’ont déclaré le cardinal Vincent Nichols et le révérend Justin Welby au quotidien britannique «Evening Standard» au sujet des coupes décidées par le gouvernement de Boris Johnson. Cette mesure a été établie temporairement par l'exécutif pour faire face au déficit causé par la pandémie de Covid-19 et consiste à réduire délibérément les dépenses d'aide de 4 milliards de livres, en dessous de l'objectif légalement contraignant de 0,7 % de la production nationale.
Mais les deux archevêques condamnent cette démarche, estimant qu'elle est «extrêmement préoccupante» car elle causera «de réels dommages» aux pays en crise, comme le Yémen. La crainte est également que la réduction des fonds devienne permanente. Soutenir ceux qui sont dans le besoin, écrivent les deux dirigeants chrétiens, est une question de moralité et on ne peut pas détourner le regard, car, précisément à cause de la pandémie, les destins de tous les pays du monde sont désormais liés.
Critiques politiques bipartisanes
La mesure a également été critiquée par certains députés : par exemple, le député de Totnes Anthony Mangnall a déclaré que «le Royaume-Uni est le seul pays du G7 qui réduit l'aide internationale. Pourtant, en juin, le pays accueillera le sommet du G7. D'un point de vue diplomatique, il est donc impératif que le Premier ministre soit en mesure de rassembler tous les alliés pour donner un coup de fouet à la reprise mondiale, lutter contre la Covid et éviter le changement climatique.» Caroline Nokes, présidente de la commission des femmes et de l'égalité, a abondé dans ce sens : «le Premier ministre s'est exprimé à juste titre contre la violence à l'égard des femmes, mais les coupes dans l'aide humanitaire laisseront les personnes les plus vulnérables du monde à la merci des violeurs dans les zones de guerre et des prédateurs dans les camps de réfugiés» a-t-elle mis en garde.
En effet, la réduction de l'aide pendant une pandémie «surchargera les systèmes de santé au-delà de toute réparation, laissant les femmes sans accès aux soins médicaux pendant la grossesse et l'accouchement. Réduire l'aide est effectivement une condamnation à mort» poursuit la député conservatrice. Pour sa part, Boris Johnson a déclaré le mois dernier que les Britanniques pouvaient être «fiers» de leurs dépenses d'aide, car elles sont les plus élevées parmi tous les pays du G7. Mais les réductions décidées aujourd'hui représentent «une promesse non tenue», concluent les archevêques Nichols et Welby, «à laquelle il faut donc remédier».
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