Tchad: «un système politique pour le maintien au pouvoir d’Idriss Déby et de ses proches»
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Il est arrivé au pouvoir le 26 novembre 1990, par un coup d’État. Idriss Déby est candidat à un sixième mandat présidentiel au Tchad. L’homme fort du pays et son clan familial dirigent d’une main de fer cet État enclavé d’Afrique centrale, le troisième pays le moins développé au monde, selon l'Indice de Développement Humain (IDH) du programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en 2020. En 2018, selon la Banque mondiale, 42% de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Quant aux jeunes de moins de 25 ans, 22 % d’entre eux sont au chômage. Face à l’absence de perspectives, beaucoup de ces jeunes désabusés rêvent d’alternance.
Climat de tensions
Mais le maréchal-président s’accroche au pouvoir et n’hésite pas à réprimer de manière implacable les opposants les plus critiques. Le 28 février dernier, une tentative d'arrestation par l'armée d'un candidat à la présidentielle s’est ainsi soldée par la mort d'au moins trois personnes. Le lendemain, l'opposant Saleh Kebzabon a retiré sa candidature, accusant le président d'intimider violemment ses rivaux. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déploré début mars «le recours à la force» dans le processus électoral.
Un soutien face au terrorisme
Toutefois, Idriss Déby a su se faire de solides alliés, notamment à l’étranger. Son armée apparait comme un rempart face aux groupes terroristes qui pullulent dans cette région instable. Entouré entre autres par la Libye, le Soudan, la Centrafrique, le Tchad est un contributeur de poids à la guerre contre les jihadistes dans le Sahel, en projetant des troupes aguerries jusqu'au Mali et parfois au Nigeria. Certains États préfèrent donc soutenir le pouvoir en place, quoiqu’il en coûte. C’est le cas de la France, dont le Tchad était une colonie jusqu’en 1960. N'Djamena abrite le siège de l'opération anti-jihadiste Barkhane lancée en 2014.
Roland Marchal est chercheur au CNRS, où il étudie les conflits dans la Corne de l’Afrique et en Afrique Centrale. Le scénario de cette élection, explique-t-il, est écrit d’avance :
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