Bambino Gesù: 1ère transplantation avec un donneur positif à la Covid-19
Benedetta Capelli - Cité du Vatican
C’est une première mondiale, significative et encourageante en pleine pandémie de coronavirus: le premier cas pédiatrique de transplantation cardiaque, d'un donneur positif au SRAS-CoV-2 à un patient négatif. Le garçon de 15 ans, souffrant de cardiomyopathie dilatée, une maladie qui compromet la capacité du cœur à pomper efficacement le sang dans l'organisme, a été traité après la transplantation avec des anticorps monoclonaux, pour éliminer le risque qu'il développe le Covid-19. Les anticorps monoclonaux ou immunoglobulines (Ig) sont des protéines produites par les lymphocytes B, un type de globules blancs, dont la fonction est de reconnaître et de fixer des molécules spécifiques. Pour effectuer la procédure, il a fallu obtenir des autorisations spéciales - la transplantation n'est autorisée que chez les patients positifs ou guéris de la Covid-19 - tant du Centre national des transplantations (CNT) que de l'Agence italienne des médicaments (AIFA). Un feu vert qui a rendu l'opération possible. Les tests effectués par la suite ont montré que le garçon était protégé contre l'infection par le virus Sars-CoV-2 grâce à la présence dans son sang d'une quantité importante d'anticorps spécifiques.
Une jeune vie sauvée
«Dans le domaine pédiatrique, explique le professeur Antonino Amodeo, responsable de la structure complexe de décompensation, de transplantation et d'assistance cardio-respiratoire mécanique de l’hôpital pédiatrique Bambino Gesù, trouver un cœur compatible pour une transplantation est plus difficile que chez les adultes. L'année dernière, en raison de la pandémie et des restrictions adoptées pour la combattre, ces difficultés ont encore augmenté», observe-t-il. «Trouver un cœur compatible pour une transplantation est souvent une opportunité unique plutôt que rare, ajoute-t-il. C'est pourquoi nous avons tout fait pour que le garçon inscrit sur liste d'attente puisse obtenir l'organe qu'il attendait». Sur liste d'attente depuis septembre 2020, l'adolescent de 15 ans a été victime d'un arrêt cardiaque qui a nécessité un soutien par ECMO, une technique de circulation extracorporelle utilisée temporairement en cas d'insuffisance cardiaque ou respiratoire grave. Peu de temps après, il avait subi une intervention chirurgicale visant à lui implanter un cœur artificiel, une solution de transition permettant de sauver des vies en attendant un cœur compatible pour une transplantation.
Une dérogation spéciale
En mai 2021, un cœur compatible a été trouvé chez un donneur positif au SRAS-CoV-2: une hypothèse non couverte par la loi. «Afin d'évaluer le risque de transmission du virus, de nombreuses études ont été réalisées, explique le professeur Carlo Federico Perno, responsable du service de diagnostic microbiologique et immunologique de Bambino Gesù, sur le système respiratoire, sur le sang et sur le cœur du donneur, à l'aide de techniques assez sophistiquées, qui, dans l'ensemble, ont montré un très faible risque de transmission virale. Cela nous a permis de donner le feu vert à la transplantation». Après l'autorisation et les évaluations minutieuses du Centre national des transplantations, l'Agence italienne du médicament a donné son accord, dérogeant au protocole actuel pour utiliser des anticorps monoclonaux sur le garçon receveur, afin de réduire davantage le risque d'infection déjà faible. En effet, le protocole n'autorise leur utilisation que sur des patients souffrant déjà de la Covid-19 et sous certaines conditions. «L'opération, constate le professeur Paolo Palma, chef du service d'immunologie clinique et de vaccinologie de l'hôpital Bambino Gesù, est le résultat d'un parcours multidisciplinaire dans lequel l'augmentation des outils de traitement du SRAS-SoV-2 - tels que le vaccin, les thérapies monoclonales et les thérapies antivirales-, a conduit au développement d'une série d'outils, tant de recherche que cliniques, et a ouvert des perspectives impensables jusqu'à récemment».
Dans la ville italienne de Bologne, au Policlinico Sant'Orsola, a également eu lieu une transplantation cardiaque d'un patient positif au SRAS-CoV-2 vers un patient négatif, en l'occurrence un homme de 64 ans. L'opération, la première au monde sur une personne adulte, a eu lieu à la fin du mois d'avril, et le greffé est sorti de l'hôpital le 1er juin dernier.
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