En Côte d’Ivoire, la réconciliation nationale «passera d’abord par l’éducation»
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
C’est un retour au pays qui ne passera pas inaperçu. L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo doit arriver ce 17 juin à Abidjan par un vol commercial en provenance de Bruxelles. «Le président Alassane Ouattara a décidé de donner le pavillon présidentiel pour accueillir le président Laurent Gbagbo», a déclaré le secrétaire général du FPI (le Front populaire ivoirien, parti de Laurent Gbagbo) lors d'une conférence de presse. Il a salué «un message fort» et remercié Alassane Ouattara pour «ce geste» en faveur de l’apaisement du pays.
L’actuel président ivoirien avait lui-même donné son feu vert pour le retour de son rival, le 7 avril dernier, au nom de la «réconciliation nationale». Les partisans de Laurent Gbagbo se réjouissent de ce retour, en particulier dans son village natal de Mama, où les habitants se préparent depuis plusieurs semaines à faire un triomphe au «fils du pays». Ses adversaires en revanche lui reprochent toujours d’avoir précipité son pays dans le chaos, en refusant sa défaite à l’élection présidentielle de 2010. Un déni qui avait provoqué une sanglante crise post-électorale – plus de 3000 morts - puis l’arrestation de l’ancien président, transféré à la CPI.
Un délicat passage de relais
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire ces troubles constituent un douloureux héritage, et l’embrasement est latent, comme l’a montré l’élection présidentielle d’octobre dernier. Un scrutin remporté par Alassane Ouattara, dont la candidature controversée à un troisième mandat a entraîné des violences faisant près de 100 morts.
De profonds changements seront nécessaires avant de parvenir à une réconciliation durable, comme l’explique Marie Miran, anthropologue et historienne, maître de conférences à l’EHESS et membre de l’IMAF, l’Institut des Mondes Africains. Pour elle, il s’agit avant tout de mieux sensibiliser les jeunes générations à la politique et à l’histoire de leur pays, tout en leur transmettant des valeurs édifiantes.
Marie Miran nous explique d’abord dans quelle mesure la société ivoirienne reste marquée par les violences qui ont émaillé les derniers scrutins présidentiels.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici