Loi bioéthique: l'épiscopat français demande un moratoire
Vatican News
Après un long processus de débats parlementaires, l'Assemblée nationale, qui a le dernier mot, s'est prononcée lors d'un ultime vote ce mardi sur ce vaste texte qui prévoit notamment, outre l’élargissement de la PMA, une délicate réforme de la filiation et de l'accès aux origines, et aborde nombre de sujets complexes comme l'autoconservation des ovocytes ou la recherche sur les cellules souches. Le texte, défendu par le ministre de la Santé, Olivier Véran, a été adopté par 326 votes pour (essentiellement la majorité LREM et la plupart des députés de gauche) et 155 votes contre.
Le projet de loi avait entamé son parcours parlementaire à l'automne 2019, faisant des allers-retours entre la Chambre des députés, où le parti présidentiel est majoritaire, et le Sénat, dominé par la droite, et donc hostile à ce texte.
Lors d'un ultime examen jeudi, les sénateurs avaient rejeté le projet de loi, la rapporteure Muriel Jourda (LR, droite) déplorant à nouveau un «mélange des genres» entre des dispositions «qui relèvent de la bioéthique et d'autres dispositions qui sont sociétale».
Sur l'ensemble de ces sujets souvent complexes et touchant à l'intime, la liberté de vote était de mise. Et tous les groupes politiques étaient partagés, à l'Assemblée comme au Sénat, même si la gauche s'était prononcée majoritairement pour, et la droite contre.
Pour sa part, l’épiscopat français a exprimé à plusieurs reprises ses inquiétudes quant à la remise en cause de la filiation. «Le 24 juin dernier, le Sénat a refusé de s’exprimer sur le projet de loi de bioéthique sorti de l’Assemblée en troisième lecture. De façon claire, ce refus manifeste que deux manières de considérer l’être humain et sa dignité sont irréconciliables», explique Mgr Pierre d’Ornellas dans un communiqué diffusé ce mardi, en soulignant que le «large consensus» souhaité par le président de la République Emmanuel Macron n’a pas été atteint.
Une dénonciation du «virus de l’individualisme»
«Il est urgent de tirer les conséquences de cet échec qui blesse notre démocratie. Seul un moratoire qui donne du temps pour réfléchir collectivement en écoutant et en pesant les arguments des uns et des autres peut permettre l’émergence d’une pensée commune sur la dignité humaine, inséparable de la fraternité qui nous relie les uns aux autres car nous saurons ensemble que le plus petit comme le plus grand, le plus fragile comme le plus solide ont la même dignité du fait même qu’ils sont des êtres humains», insiste Mgr d’Ornellas, en reprenant les mots du Pape François contre le «virus de l’individualisme».
«Nul d’entre nous n’a inventé l’Homme. Chacun de nous a mission de le recevoir tel qu’il est avec sa beauté et sa complexité, en se laissant toucher au plus intime de lui-même par l’éclat de cette dignité. L’expérience auprès des plus fragilisés, l’art, la raison, la science et la religion projettent ensemble, chacun à sa manière, une vive lumière sur cette dignité. C’est à l’édification d’une société hospitalière de cette dignité que nous sommes tous appelés. Cette hospitalité se vérifie toujours par le respect effectif envers les plus vulnérables et les plus petits d’entre nous ainsi que par la solidarité mise en œuvre en leur faveur», insiste l’archevêque de Rennes.
(Avec AFP et communiqué de la CEF)
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