Au Mozambique, les femmes et les enfants victimes principales de la violence jihadiste
La crise en cours dans le nord du Mozambique s’est aggravée en mars dernier avec la prise de la ville de Palma par des jihadistes se revendiquant de l’État islamique ; l’attaque a entrainé le déplacement de 67 000 personnes supplémentaires, dont la moitié sont des enfants. Après un long voyage en bateau ou à pied, ces populations sont arrivées à Pemba où elles ont été accueillies dans plusieurs camps gérés par des organisations locales et internationales. Mais les besoins sont nombreux et la situation sécuritaire reste volatile.
«Avec des filles qui ne vont pas à l'école et des familles confrontées à des pertes et des difficultés économiques, le risque de mariages précoces et de grossesses adolescentes devient une préoccupation croissante», explique Andrea M. Wojnar, responsable du Mozambique pour le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Ceux qui n'ont pas réussi à s'échapper ont dû subir des conséquences encore plus dramatiques. Des centaines de garçons et de filles ont été enlevés par des groupes jihadistes, rapporte le père Kwiriwi Fonseca, responsable de la communication du diocèse de Pemba. Les garçons, affirme le prêtre, sont recrutés de force dans les rangs des jihadistes, tandis que les filles sont données «en mariage» aux combattants ou sont réduites en esclavage.
Garçons enrôlés, jeunes filles réduites en esclavage
Le père Fonseca rapporte la plainte de sœur Eliane da Costa, une Brésilienne qui se trouvait à Mocímboa da Praia lorsque le village côtier est tombé aux mains des terroristes en août 2020 et que des dizaines de personnes ont été enlevées. «Sœur Eliane a vécu 24 jours parmi les terroristes, dans la forêt, et elle m'a mis en garde en me disant : “père Fonseca, n'oubliez pas les personnes kidnappées, en particulier les enfants et les adolescents, qui ont également été formés pour devenir des terroristes”», raconte encore le prêtre.
À Lichinga, dans la province de Niassa, sœur Mónica da Rocha, une religieuse portugaise appartenant à la congrégation des Sœurs Réparatrices de Notre-Dame de Fátima, accueille les personnes déplacées et affirme qu'il est «urgent de reconstruire les vies brisées» de ces garçons enrôlés de force pour se battre et de ces jeunes filles devenues esclaves sexuelles.
Pour aider la population du nord du Mozambique, plus de 30 organisations de la société civile portugaise, dont plusieurs institutions catholiques, ont lancé la campagne “Cabo Delgado, nous ne sommes pas résignés à la violence”. Les participants ont lancé un appel au gouvernement du Portugal, à l'Union européenne et aux Nations unies pour l'acheminement d'une aide humanitaire d’urgence à Cabo Delgado.
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