Éthiopie: le conflit au Tigré s’étend à d’autres régions
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Six régions éthiopiennes ont récemment annoncé envoyer des troupes pour soutenir l'armée fédérale éthiopienne. Le Tigré est le théâtre de combats depuis l’offensive lancée par le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, en novembre dernier, contre les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Depuis la prise de la capitale régionale Mekele aux forces loyales, en juin dernier, le rapport de force s’est inversé, en défaveur d'Addis Abeba.
Le conflit a déjà fait des milliers de morts et provoqué une grave crise humanitaire. Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies s'est dit «extrêmement inquiet» et a demandé un accès total pour permettre la distribution de l'aide. 5,2 millions de personnes, soit 91% de la population au Tigré, ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence, selon le PAM. Les violences ont contraint quelque 60.000 personnes à fuir vers le Soudan voisin.
Un conflit avant tout politique
«Les Tigréens qui ont repris la main ont mis en déroute l’armée éthiopienne», souligne Patrick Ferras, spécialiste de l’Éthiopie et président de l’association Stratégies africaines. Ils souhaitent récupérer leur statut de région et reprendre leurs frontières. Les combats se sont étendus, en particulier dans l'Amhara mais aussi l'Afar, limitrophe du Tigré, dans le nord-est du pays. Il s’agit d’«un conflit politique» sur lequel est venu se greffer une question territoriale.
«L’armée est en train d’essayer de se recomposer», elle a ainsi appelé à la mobilisation dans d’autres régions mais aujourd’hui «les Tigréens ont la main». Les forces armées éthiopiennes vont être renforcées par des milices mais il ne s’agit pas de combattants, précise Patrick Ferras. «On s’oriente vers un durcissement du conflit», avec de lourdes conséquences humanitaires. Elles sont déjà visibles dans le Tigré et concerneront bientôt l’Amhara si les combats s’intensifient, observe le président de l’association Stratégies africaines, soulignant qu’actuellement «seuls les Américains sont aux commandes pour tenter de faire avancer les négociations».
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