Belgique: des inondations qui doivent susciter responsabilité et prière
Xavier Sartre / Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Le soulagement reste teinté d’inquiétude. À Liège, quatrième ville plus peuplée de Belgique, les autorités locales ont appelé jeudi après-midi des milliers d'habitants des quartiers bordant la Meuse à quitter leur logement, en prévision d'une forte montée du niveau du fleuve.
Le niveau de l'eau en centre-ville n'a finalement pas augmenté durant la nuit et commençait à baisser «tout doucement» dans le quartier le plus touché, a indiqué vendredi la police liégeoise. Les dégâts sont toutefois considérables, comme en d’autres communes de Wallonie.
Dans cette région francophone du sud de la Belgique, plus de 21 000 personnes sont actuellement privées d’électricité. Les inondations ont en outre fait au moins quinze morts dans le pays, selon un bilan établi vendredi par le quotidien belge Le Soir, citant des sources officielles. Au micro de la RTBF, le président de la région wallonne Elio Di Rupo a toutefois dit craindre une aggravation du bilan, soulignant que des centaines de personnes sont toujours bloquées chez elles.
Mgr Jean-Pierre Delville est évêque de Liège depuis 2013. Il décrit la situation à Radio Vatican-Vatican News, et aide à lire dans ces faits douloureux un message spirituel.
De nombreuses familles sont touchées par la disparition –ou pratiquement– de leur maison, en tous cas par l’inaccessibilité de leur maison, et se retrouvent sans toit, complètement démunis. J’ai dû gérer de façon directe la situation de nombreux prêtres qui étaient isolés au deuxième étage de leur presbytère, ne pouvant pas descendre à cause de la montée des eaux, n’ayant pratiquement rien à manger, rien à boire, et n’ayant pas d’électricité, pas de moyen de communication.
L’évêché lui-même était investi par la Meuse qui lèche le bâtiment. Il s’en est fallu d’un mètre pour que l’évêché ne soit envahi, avec tous les bâtiments historiques de l’église, de la bibliothèque, et les services diocésains. Nous avons heureusement été épargnés, à un mètre près. L’angoisse de la journée s’est petit à petit apaisée quand on a vu le niveau de la Meuse qui commençait à baisser le soir: le centre névralgique du diocèse et de la ville de Liège étaient épargnés. En revanche, les faubourgs ont été terriblement marqués.
Quel est votre message à l’ensemble des habitants de votre diocèse face à ces inondations et à ces pertes humaines?
C’est un message de confiance, de résistance et d’espérance. Et d’abord un message de solidarité, pour remercier toutes les autorités qui ont fait le maximum, et tous les bénévoles qui se sont dépensés d’une façon extraordinaire au service de leurs voisins, de leur famille. Les églises disponibles et les salles paroissiales disponibles sont mises à la disposition des communes, si nécessaire, pour accueillir des personnes sinistrées. Ça, c’était mon message d’hier. Je pense que mon message de demain sera aussi de réfléchir aux causes de cette situation. Nous avons vraiment vécu le déluge comme on le raconte dans la Bible. Je dirais qu’il y a la colère du Ciel, comme Dieu qui s’est fâché à l’époque de Noé, car on se dit tout de même que ces dérèglements climatiques sont en partie dus à l’insouciance humaine et à des développements incontrôlés des technologies.
Nous avons donc malgré tout une responsabilité, et même une responsabilité dans la gestion de la prévention: depuis quinze jours, les climatologues disent que cela va arriver, qu’il faut vider les barrages pour leur permettre de se remplir avec les pluies, et on n’a pas vidé les barrages, donc les barrages ont débordé. Il y a de l’incurie, de l’insouciance, un manque de responsabilité et de prévision. Je pense que notre société doit vraiment réfléchir, sinon nous allons nous retrouver dans des situations qui iront de mal en pis.
C’est aussi un message de prière éclairée par le message biblique et évangélique, qui insiste justement sur la responsabilité que Dieu nous donne dans la gestion de notre terre et de notre société, et aussi sur la confiance que nous devons avoir en Lui dans la prière et dans la vie spirituelle, pour ne pas être livrés à nos seules forces et à notre seul bon vouloir. Je pense qu’il est très important de se référer à la parole de Dieu, à la prière et à la dimension spirituelle.
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