La crise climatique menace plus d'un milliard d'enfants sur la planète
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Ce sont des nouvelles données qui témoignent de l'accélération du dérèglement climatique sur la planète. Dans une nouvelle étude publiée ce vendredi 20 août, l'Unicef a mesuré les impacts de ces changements sur les enfants. Et le constat est sans appel : plus d'un milliard d'entre eux -près de la moitié de 2,2 milliards d'enfants sur la planète- vivent une menace "extrêmement élevée".
«la crise climatique engendre une crise des droits de l’enfant. Elle entraîne une crise de l’eau, une crise sanitaire, une crise de l’éducation, une crise de la protection ainsi qu’une crise de la participation. Elle menace la survie même des enfants», affirme l'agence onusienne.
Exploitant des données géographiques à haute résolution, les scientifiques à l'origine de cette étude ont établi un indice des risques climatiques pour les enfants (IRCE). Cet indice est calculé selon deux paramètres principaux : l’exposition aux aléas, chocs et stress climatiques et environnementaux et la vulnérabilité des enfants. Il rassemble dans ces deux catégories 57 variables afin de mesurer les risques existant dans l’ensemble des pays et régions.
Pays les plus vulnérables, pays les moins pollueurs
Les menaces sont multiples et les chiffres, accablants, devraient faire réagir la communauté internationale, qui se retrouvera à Glasgow au mois de novembre prochain pour la prochaine conférence internationale sur le climat. Ainsi, 820 millions d’enfants -soit plus d’un tiers des enfants dans le monde- sont fortement exposés à des vagues de chaleur, relève l'Unicef, 400 millions vivent dans des régions fortement exposées aux risques de cyclones ou encore 240 millions sont menacés par des inondations côtières. Une situation, précise l'étude, qui ne devrait que s'accentuer dans les années à venir en raison de la montée du niveau des mers.
Ce rapport très détaillé ne fait que documenter une réalité déjà connue, celle de l'inégalité criante des pays face aux dérèglements du climat. «Les endroits à plus haut risque sur la planète sont ceux qui contribuent le moins aux changements climatiques» rappelle ainsi l'Unicef, précisant que «les dix pays à plus haut risque produisent seulement 0,5 % des émissions mondiales». Ces dix pays sont tous situés sur le continent Africain: République Centrafricaine, Tchad, Nigéria, Guinée, Guinée-Bissau, Somalie, Niger, Soudan du Sud, République Démocratique du Congo et Angola.
Des investissements urgents à réaliser
Dans son étude, l'Unicef ne se limite pas à cartographier les risques, mais préconise également les axes de réflexion pour pallier ces inégalités. La première est celle des investissements. «Les investissements améliorant l’accès à des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène résilients peuvent considérablement réduire le risque climatique global pour 415 millions d’enfants» note le rapport. Idem pour l'éducation, le renforcement des systèmes de santé, et l'amélioration de l'accès à la protection sociale. En ce qui concerne l'accès à l'eau, l'Unicef préconise par exemple de miser sur l’utilisation d’énergies renouvelables, une collaboration avec les marchés locaux et le secteur privé ou encore l’amélioration des infrastructures de stockage d’eau au niveau des foyers.
«L’amélioration de l’accès à la protection sociale nécessite d’œuvrer à l’instauration d’une couverture universelle pour les prestations destinées aux enfants et aux familles» plaide encore l'agence de l'ONU selon laquelle 310 millions d'enfants de la planète pourraient bénéficier d'une amélioration de la protection sociale. «L’amélioration de la réactivité des systèmes de protection sociale face aux changements climatiques est essentielle pour que ces derniers soient davantage en mesure de s’adapter aux bouleversements qui caractérisent les chocs et les stress» précise l'étude.
Réinventer un environnement
Dans ce sombre tableau, l'Unicef se projette néanmoins vers l'avenir avec un certain optimisme, à condition de «réinventer un environnement adapté aux enfants». «Les changements à grande échelle qui se profilent à l’horizon feront pencher la balance en faveur de solutions vertes» explique l'agence onusienne chargée de l'enfance. «Les énergies renouvelables, dont le prix continue de baisser, deviennent de plus en plus fiables et devraient représenter 95 % de la croissance nette des ressources en énergie mondiales d’ici à 2025».
L'une des solutions est économique. Investir dans des infrastructures capables de limiter les effets du réchauffement climatique est en effet un bénéfice pour tous, rappelle l'Unicef. «Investir 800 millions de dollars dans des systèmes d’alerte précoce dans les pays en développement permettrait non seulement de sauver des vies, mais aussi d’éviter des pertes de l’ordre de 3 à 16 milliards de dollars par an» cite en exemple l'agence.
Enfin, les enfants étant l'avenir de l'humanité, leur capacité d'action est sans doute le plus grand motif d'espoir pour l'Unicef. «Ces dernières années, les enfants et les jeunes sont descendus dans la rue pour réclamer des mesures de lutte contre les changements climatiques » relève t-elle. «Il est essentiel d'écouter et de prendre en compte le point de vue de TOUS les enfants et les jeunes sur le changement climatique» conclut l'Unicef, rappelant que «chaque enfant mérite une planète habitable».
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