Rare mobilisation de la jeunesse contre le pouvoir en Malaisie
Entretien réalisé par Marine Henriot – Cité du Vatican
Désigné par le roi en mars 2020, quelques jours avant le premier confinement, le Premier ministre Muhyddin Yassin fait face depuis à une colère qui monte. «Nous sommes depuis plus d’un an dans une crise fluide et continue, où le Premier ministre dirige un pays avec une majorité très fine et dans un contexte économique et sanitaire qui se complique de jour en jour et de mois en mois», détaille Sophie Lemière, anthropologue politique à l'université de Nottingham, en Malaisie.
Après l’avoir sollicité à deux reprises, le Premier ministre a procédé à l’instauration de l’état d’urgence, qui a de facto mené à une suspension du Parlement, autorisant Muhyddin Yassin à gouverner par décret. Une mesure mal vécue dans le pays, le dernier état d’urgence remontant aux émeutes ethniques de 1969, rappelle Sophie Lemière.
Des jeunes touchés par la crise
Dans un pays où la jeunesse descend rarement dans la rue, «Le chiffre n’est peut etre pas très important», mais dans un contexte sanitaire extrêmement complexe, «le fait que cette jeunesse brave les interdits est quelque chose de très important», «ce qu’on voit là est peut-être l’émergence d’un mouvement de la jeunesse beaucoup plus fort».
Avant même la crise sanitaire, les jeunes de Malaisie souffraient notamment des difficultés pour accéder à l’emploi. «Il n’y a pas d’aide sociale en Malaisie et l’une des demandes de cette manifestation est un moratoire sur les prêts étudiants, cela montre où est leur désespoir», note l’anthropologue politique.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici