Les attentats du 11 septembre, un bouleversement géopolitique
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Les images des tours jumelles du World Trade Center en feu, puis s’écroulant sur elles-mêmes dans un épais nuage noir de fumée et de poussière ont frappé d’effroi la planète entière. Suivi en direct sur les écrans de télévision, cet événement n’a pas seulement marqué les mémoires des contemporains mais a provoqué une série d’actions qui ont changé la donne géopolitique. En ce sens, le 11 septembre 2001 est une date charnière dans l’histoire mondiale, qui «annonce la fin d’une époque et le début d’une nouvelle» estime Charles-Philippe David, fondateur de la chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques à l’Université du Québec à Montréal (Uqam) et président de l’Observatoire sur les États-Unis de l’Uqam.
Un recul dans les relations internationales
La fin de la Guerre froide ouvre une «période prospère, plutôt démocratique, de coopération dans les rapports internationaux» explique Charles-Philippe David. «Les rapports entre les grandes puissances étaient bien meilleures qu’elles ne le sont aujourd’hui» précise-t-il. Or, cette journée du 11 septembre marque le début d’une nouvelle période marquée par «des reculs très importants» dans les domaines de la coopération, de la géopolitique et de la sécurité, considère le politologue. «On a assisté à une croissance des budgets militaires, et de la préoccupation vive sur le plan de la sécurité, et pas seulement la sécurité mondiale, mais aussi la sécurité intérieure» poursuit-il. Pour preuve, la création d’un ministère de la Sécurité intérieure aux États-Unis, une première dans leur histoire.
Le poids de la réaction américaine
Ce bouleversement est dû en grande partie aux décisions prises par le gouvernement américain en réaction aux attentats qui ont provoqué à leur tour des réactions, comme l'invasion de l'Afghanistan, sanctuaire d'Al Qaïda, auteur des attentats, et de l'Irak, en 2003, au nom de la lutte contre les armes de destruction massive. Sans oublier la guerre contre le terrorisme sur plusieurs continents.
Autre cause, «la perte de leadership des États-Unis dans ce système international qu’ils dominaient outrageusement dans les années 1990» et la montée en puissance d’autres pays comme la Russie et surtout la Chine. Cela a suscité une perte de confiance de la part des alliés de Washington dans sa capacité à assurer cette domination. En fait de nouvelle ère, c’est plutôt à un retour en arrière que l’on assiste, nuance Charles-Philippe David, la compétition entre puissances ayant déjà existé dans le passé.
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