Anne-Marie Pelletier: la pandémie entraîne l'expérience de l'altérité
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
«La santé publique dans une perspective mondiale, la pandémie, la bioéthique et le futur»: c’est le thème de la conférence qui s’est tenue lundi 27 et mardi 28 septembre à Rome sous l’égide de l’Académie pontificale pour la vie. À la lumière de la Covid-19, cette réunion entendait offrir une réflexion sur certaines valeurs éthiques particulièrement importantes dans le contexte de la pandémie et contribuer au débat sur la santé publique.
Parmi ces valeurs, figure celle de la fraternité, et son corollaire, la solidarité. Pour Anne-Marie Pelletier, enseignante d’écriture biblique et de théologie, membre de l’Académie pontificale pour la vie, aimer Dieu implique d’aimer son frère. De là une solidarité avec les plus faibles aux nombreuses implications concrètes dans le cadre de la santé et même au-delà. C’est ce dont nos sociétés ont fait l’expérience ces derniers mois, constate l’académicienne.
Persistance des clivages et des murs
Mais cet élan qui a permis notamment la mise au point rapide de vaccins, à défaut de traitements, s’est essoufflé et l’on voit ressurgir «un certain nombre de clivages, de disparités entre les nations, entre les continents», regrette Anne-Marie Pelletier. «Nous attendions le monde d’après, et le monde d’avant nous rattrape un peu inexorablement», poursuit-elle.
Dans ce cadre, les chrétiens, et pas seulement eux, doivent être les «porte-paroles de l’humana communitas qui doit être protégée mais qui doit être aussi construite aujourd’hui comme le rappelle le Pape François», estime la théologienne. Cette édification passe au quotidien par «le consentement à l’autre, à ses différences en cessant de nous imaginer que l’universel est fait de nos convergences, de nos reconnaissances mutuelles. L’universel est fait de rencontres entre des êtres humains qui font tous partie de l’humana communitas mais avec leurs traits propres, leurs traditions» explique l’académicienne. «Le grand défi, précise-t-elle, c’est l’expérience de l’altérité et trouver les moyens de se rencontrer, sans annuler nos différences, en faisant de tout cela une énergie, une puissance de construction».
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