Première journée de réconciliation au Canada, corriger un «défaut de connaissance mutuelle»
Marine Henriot – Cité du Vatican
Pour la première fois dans l’histoire du pays, le 24 septembre, l’Église du Canada a demandé officiellement pardon aux peuples autochtones. Des excuses très attendues, après la découverte ces derniers mois de plus d’un millier de tombes près d’anciens pensionnats gérés par l’Église.
Ces macabres découvertes ont remis en lumière une sombre page de l’histoire canadienne et sa politique d’assimilation forcée des Premières Nations au XIXe et XXe siècle. Près de 150 000 enfants amérindiens, métis et Inuits avaient alors été enrôlés de force dans 140 pensionnats à travers le pays, coupés de leur famille, de leur langue, de leur culture. Dans ces pensionnats, nombre d’entre eux ont subi des mauvais traitements ou des sévices sexuels et plus de 4 000 y ont trouvé la mort.
«On ne veut rien faire sans les autochtones»
Dans sa déclaration publiée le 24 septembre, l’épiscopat canadien exprimait son «profond remords» et présente «des excuses sans équivoque» face à «la souffrance vécue dans les pensionnats indiens du Canada». Pour avancer vers la réconciliation, il faut une éducation vers la culture et l’identité autochtones prône le communiqué. «Il y a un défaut de connaissance mutuelle» entre les peuples fondateurs, déplore Mgr Raymond Poisson, évêque à Saint-Jérome et président de la conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), «Historiquement, il y avait non seulement une méconnaissance», mais également un refus : «On ne voulait pas prendre connaissance de cette culture et identité».
Cette demande de pardon de l’Église est un point de départ, détaille le président de la CECC. «On ne veut rien faire sans les autochtones, nous avons là la possibilité de grandir ensemble». L’évêque ne nie pas les graves erreurs passées. «Au fil des siècles, l’Eglise évolue, il y a 200 ou 300 ans, il y avait certains accents de colonialisme, aujourd’hui nous ne sommes plus à cette adresse là», au contraire, continue le prélat, «l’évangile ne vient pas changer une culture, mais l’habiter, nous n’avons pas toujours compris cela. La manière de vivre des personnes devient elle-même le terreau d’une croissance pour l’évangile».
Une délégation autochtone sera reçue en décembre par le Pape François. «Il s’agit là d’une autre pas, se réjouit Mgr Poisson, une rencontre pastorale, non politique, pour voir ce que l’on peut faire pour mieux vivre ensemble».
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