Les Églises et les religions d'Ukraine œuvrent à la protection de la Création
Svitlana Dukhovych - Cité du Vatican
Appelée depuis des siècles le "grenier de l'Europe" grâce à son sol fertile, l'Ukraine est potentiellement un pays très riche. Les Ukrainiens sont un peuple qui sait espérer et se battre pour ses rêves.
Malgré les problèmes économiques et sociaux et le conflit dans l'Est du pays, ils croient qu'ils pourront prendre leur destin en main, en développant tout leur potentiel, en préservant la beauté de la nature et en assurant une utilisation équitable et durable des ressources naturelles.
La contribution des Églises
Une contribution importante à la construction de la paix et du bien-être dans ce pays d'Europe de l'Est, qui a obtenu son indépendance en 1991, peut également provenir des Églises chrétiennes et des réalités des autres religions. Inspiré par les paroles de saint Jean-Paul II, qui, lors de sa visite en Ukraine il y a 20 ans, a qualifié ce pays de «laboratoire de l'œcuménisme», l'Institut d'études œcuméniques de l'Université catholique de Lviv (UUC) cherche à créer un terrain fertile pour cultiver le dialogue entre les Églises et les religions afin que leurs voix puissent être entendues dans la société contemporaine.
Chaque année depuis 2008, l'Institut organise la Semaine sociale œcuménique, un forum international auquel participent des représentants du monde universitaire, des églises, des autorités publiques, des organisations caritatives et des médias pour discuter et trouver des solutions aux problèmes sociaux, sur la base des principes du bien commun et de la doctrine sociale de l'Église.
Écouter le cri de la terre
«Nous lançons un appel urgent à ceux qui occupent des postes de responsabilité sociale et économique, ainsi que politique et culturelle, pour qu'ils entendent le cri de la terre et qu'ils s'occupent des besoins des marginalisés, mais surtout pour qu'ils répondent à l'appel de millions de personnes et soutiennent le consensus du monde pour la guérison de notre création blessée.» Cette citation du message conjoint du Pape François et du patriarche œcuménique Bartholomée à l'occasion de la Journée mondiale de prière pour la création en 2017 a inspiré la 13e édition de la Semaine sociale œcuménique, célébrée l'an dernier sur le thème "Entendre le cri de la Terre. L'écologie intégrale en action", pendant l'année consacrée à Laudato si'. L'événement s'est déroulé presque entièrement en ligne en raison de la pandémie et a été organisé en collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer et les autorités civiles de Lviv.
Aider les Églises à faire entendre leur voix dans la société
Au cours des quatre jours, les participants - parmi lesquels des écologistes, des hommes d'affaires, des scientifiques, des théologiens, des représentants des autorités civiles et des médias - ont pris part à une vingtaine de réunions hébergées sur Internet, discutant des questions d'écologie intégrale et cherchant des réponses aux défis écologiques actuels.
«Le thème de l'environnement - explique la coordinatrice de la Semaine sociale œcuménique, Iryna Kitura - unit tout le monde et est important pour tous. Il est intéressant de noter qu'au cours de la préparation du forum, nous nous sommes rendu compte que certains des participants ne connaissaient pas ou peu les initiatives de l'Église dans le domaine de la protection de l'environnement. Pendant la semaine sociale œcuménique, des réflexions et des projets concrets dans le domaine de l'écologie développés par des protestants, des catholiques, des orthodoxes et des musulmans ont été présentés. C'est d'ailleurs l'une de nos tâches : aider les Églises et les réalités ecclésiales à mieux faire entendre leur voix. C'est aussi l'occasion pour les Églises de collaborer entre elles, d'écouter les militants, les hommes d'affaires, les éducateurs et les autres participants.»
Ont également participé à la conférence le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral, et l'archidiacre Jean Chryssavgis, conseiller en matière d'environnement du patriarche œcuménique Bartholomée Ier. Le cardinal, dans son discours, a souligné que la nature ne peut être considérée comme «quelque chose de séparé de nous-mêmes : nous faisons partie de la nature et pour cette raison - a-t-il ajouté - nous ne pouvons pas nous comporter comme des maîtres qui en abusent.»
«J'en suis venu à croire, a dit pour sa part l'archidiacre Chryssavgis, que dans notre relation avec la création, nous sommes appelés à évoquer et à affirmer notre interconnexion avec le reste du monde. C'est ce que j'appellerais l'impératif œcuménique du soin de la création. Cette perception de l'interconnexion nous rappelle que la terre nous unit tous, avant et au-delà de toute différence doctrinale, politique, raciale ou autre».
Ces dernières années, outre les églises chrétiennes, des représentants d'autres religions ont également participé à la Semaine sociale œcuménique. «Comme nous le disons, nous les musulmans - a souligné le cheikh Said Ismagilov, mufti de l'administration spirituelle des musulmans d'Ukraine "Ummah" - nous n'avons aucun endroit où nous échapper de cette planète, nous allons tous vivre ensemble. Par conséquent, si nous vivons tous ensemble, nous devons trouver un langage commun, travailler ensemble, même pour protéger les ressources, pour protéger ce que Dieu nous a donné pour le bien de l'humanité.»
La symphonie des religions
«L'Ukraine et, en particulier, Lviv, explique Pavlo Smytsnyuk, directeur de l'Institut d'études œcuméniques fondé il y a 15 ans, sont des lieux uniques du point de vue de l'œcuménisme. D'une part, ce pays a connu de nombreux conflits entre les religions et les confessions, dont certains perdurent encore aujourd'hui. D'autre part, l'Ukraine est un pays pluraliste où aucune dénomination n'est majoritaire. C'est pourquoi les différentes communautés religieuses doivent travailler ensemble pour faire entendre leur voix.»
L'un des moyens d'amener les représentants des différentes confessions et religions à la même table, note Pavlo Smytsnyuk, est de parler des questions sociales «de sorte que la voix de la religion résonne comme une seule symphonie», afin que les Églises et les religions puissent contribuer au développement, à la paix et au bien-être.
«L'Ukraine a survécu à la catastrophe de Tchernobyl, et vit maintenant une période de conflit militaire à l'est, poursuit le théologien. C'est un pays où les Églises et la société veulent sortir de ce cercle vicieux et apporter leur contribution aux autres Églises, religions et sociétés. Et pour nous, le soutien de la communauté mondiale dans ce que nous faisons est extrêmement important et nous sommes vraiment heureux de partager nos dons avec les autres.»
Poursuivre la réflexion sur Laudato si'
Malgré la nécessité d'une réunion en ligne en raison des mesures anti-coronavirus, la semaine sociale œcuménique de l'année dernière, consacrée aux thèmes de l'écologie intégrale, a suscité un grand enthousiasme parmi les participants, qui représentaient 15 pays.
Reprenant leur invitation et s'inscrivant dans le cadre de l'encyclique du Pape François de 2015, l'Institut d'études œcuméniques a décidé de consacrer la 14e édition au thème "Promouvoir le bien commun : vers un développement durable". Lviv accueillera le rassemblement en ligne et en présence du 5 au 9 octobre 2021.
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