Le nouveau rapport phare d’UNICEF sur la santé mentale des enfants
Claire Riobé – Cité du Vatican
«Les effets néfastes de la Covid- 19 sur la santé mentale des enfants et adolescents ne sont que la partie émergée de l’iceberg». C’est ce qu’explique le tout nouveau rapport de l’UNICEF «Dans ma tête : Promouvoir, protéger et prendre en charge la santé mentale des enfants», publié en ligne le 5 octobre dernier.
L’étude – jusqu’ici, la plus complète jamais menée par l’UNICEF sur ce sujet - dresse d’abord un état des lieux de la santé mentale des enfants et adolescents à travers le monde entier. On y apprend ainsi que «plus d’un adolescent sur sept âgé de 10 à 19 ans vivrait aujourd’hui avec un trouble mental diagnostiqué», et que «près de 46 000 adolescents se suicident chaque année, ce qui en fait l’une des cinq principales causes de décès pour cette tranche d’âge.»
Interrogée sur ces chiffres, Marion Libertucci, responsable plaidoyer d’UNICEF France, réagit : «Le problème est que parfois, la santé mentale d’un enfant n’est pas très visible, et c’est un peu ce qui est inquiétant», explique-t-elle. Certains signes, cependant, doivent pouvoir alerter les parents : «Quand un jeune s’isole, voit moins ses amis, ne parle plus, ou commence – pour les adolescents – à avoir un comportement à risque», par exemple.
Impact de la pandémie
Les conséquences de la pandémie de coronavirus, qui approche de sa troisième année, continuent de peser lourdement sur la santé mentale et le bien-être des enfants et adolescents. Les données les plus récentes obtenues par l’UNICEF indiquent ainsi qu’au moins un enfant sur sept dans le monde a été touché par les mesures de confinement, et que plus de 1,6 milliard d’enfants ont vu leur éducation négativement affectée sur cette période.
Par ailleurs, les résultats préliminaires d’une enquête internationale menée conjointement par l’UNICEF et Gallup auprès de 21 pays révèle qu’un jeune interrogé sur cinq, âgé de 15 à 24 ans, a déclaré se sentir souvent déprimé ou désintéressé durant la pandémie. Les enfants et les jeunes pourraient ressentir les effets de la Covid-19 sur leur santé mentale et leur bien-être pendant de nombreuses années, avertit le rapport.
Un manque d’investissement de la part des États
Cependant, les troubles mentaux chez les enfants et jeunes sont une problématique bien antérieure à la pandémie, rappelle le rapport. La crise du coronavirus aura seulement mise en exergue «le fait que beaucoup d’enfants et d’adolescents ne vont pas bien, peuvent se sentir déprimés, mais surtout le fait que l’on n’a absolument pas les moyens suffisants pour répondre à ces problématiques au sein de la population, et notamment pour les enfants», explique Marion Libertucci.
Aucun investissement substantiel de la part des États n’aurait pourtant jusqu’ici été consenti pour y remédier. Seuls 2% environ des budgets publics alloués à la santé sont ainsi affectés à la santé mentale dans le monde aujourd’hui. «Nous voyons bien que la santé mentale, c’est le parent pauvre de la question de la santé», déplore Marion Libertucci.
Très lourd sur le plan économique, le coût de cette négligence de la part des États représente chaque année une perte de potentiel humain de 387,2 milliards de dollars (334,4 milliards d’euros) pour les économies nationales. L’UNICEF appelle ainsi les gouvernements et les partenaires des secteurs publics et privés à s’engager et promouvoir la santé mentale de tous les enfants et adolescents.
«Ce qui est important, et c’est vraiment la parole que nous souhaitons faire porter, est qu’il existe encore beaucoup de tabous autour de cette problématique de la santé mentale chez les jeunes. Nous avons du mal à en parler, à dire que l’on en a besoin… or, c’est essentiel. Nous encourageons également tous les parents à laisser un espace de parole à leurs enfants et à les questionner, pour leur donner la possibilité de s’exprimer sur ce qu’ils ressentent.»
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