Les enfants, premières victimes de la guerre au Yémen
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
L’intensification des combats au Yémen ne cesse de préoccuper les Nations unies. Mercredi 20 octobre, le Conseil de sécurité a appelé à l’unanimité à la «désescalade» afin de contrer «le risque croissant d’une famine à grande échelle» dans le pays. Il a également exigé «un cessez-le-feu national immédiat», condamnant le «recrutement et l’utilisation d’enfants et de la violence sexuelle dans le conflit».
Le même jour, la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite a affirmé avoir tué 82 rebelles houthis autour de la ville de Marib qu’ils assiègent et qui concentre l’essentiel des combats.
La veille, l’Unicef annonçait que dix mille enfants avaient été tués ou blessés au Yémen depuis le début du conflit en 2014. Un chiffre qui sous-évalue le nombre réel de petites victimes de l’aveu même de l’agence onusienne.
«Les enfants sont toujours les premières victimes» reconnait le représentant de l’Unicef au Yémen, Philippe Duamelle. Non seulement des combats, mais aussi des conséquences de la guerre. Ainsi, 51 % des structures de santé, dispensaires ou hôpitaux, sont inutilisables, précise-t-il, parce qu’elles sont détruites, endommagées, occupées par des belligérants ou parce qu’elles ne disposent plus de personnels pour les utiliser.
À cela s’ajoute la faim qui préoccupe tant les Nations unies. 2,3 millions d’enfants de moins de cinq ans ne mangent pas à leur faim dont 400 000 souffrent de malnutrition sévère grave. «La situation humanitaires est catastrophique», souligne Philippe Duamelle.
Du point de vue de l’éducation, la situation n’est guère meilleure. Une école sur six n’est plus fonctionnelle, soit 2500 établissements. «Elles ont été détruites ou endommagées par les combats, ou elles sont occupées par des groupes armés ou des personnes déplacées», ajoute le représentant de l’Unicef. Conséquence : deux millions d’enfants n’ont pas accès à l’école, un drame pour ces enfants qui ne peuvent pas préparer leur avenir et bénéficier ne serait-ce qu’un peu de stabilité et pour le pays qui se prive d’une population éduquée et formée.
La mission de l’Unicef n’est guère facilitée par la réduction de ses moyens d’action. L’agence réclame d’urgence 235 millions de dollars pour faire face aux besoins les plus urgents de ces enfants. Mais depuis des années, à l’image des autres agences onusiennes ou des ONG présentes sur le terrain, les financements diminuent alors que les besoins augmentent. Avec des conséquences directes sur les enfants.
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