COP26 de Glasgow: impulsion donnée à la lutte contre la déforestation
Marine Henriot, envoyée spéciale à Glasgow
Ce sont les poumons de notre planète, et pourtant ils disparaissent à la vitesse de 27 terrains de football par minute. Sur toute la surface de la planète, les forêts sont en danger. C’est dans l’optique de cette urgence qu’une déclaration commune a été signée ce mardi 2 novembre lors de 26ème conférence des Nations unies contre les changements climatiques qui se tient du 31 octobre au 12 novembre dans la capitale écossaise.
Cette déclaration est paraphée par plus de 100 pays abritant 85% des forêts mondiales, dont la forêt boréale du Canada, la forêt amazonienne au Brésil ou encore la forêt tropicale du bassin du Congo. Elle prévoit un financement public et privé de 16,5 milliards d’euros pour lutter contre la déforestation, sans pour autant dévoiler les mesures mises en place pour y arriver.
La Chine, la Russie, les Etats-Unis, la France ou l’Italie font partie des pays signataires.
«Cette déclaration a le mérite de remettre les forêts sur le devant de le scène. Il y a quelques années, il était dit que la technologie sauverait le monde… On voit aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Mais pour autant, cette déclaration n’est pas suffisante», commente Federica Bietta, responsable chez Coalition for Rain Forest (Coalition pour les forêts tropicales, CfRN). Depuis 15 ans, cette organisation intergouvernementale créée par les pays forestiers tropicaux lutte pour la préservation de ces précieux espaces
Dans une déclaration en marge de cette annonce, 28 pays représentant trois quarts du commerce mondial de matières premières susceptibles de menacer les forêts, comme l’huile de palme et le cacao se sont également engagés à agir de manière plus équitable et transparente. Plus de 30 institutions financières se sont aussi engagées à ne plus investir dans des activités liés à la déforestation.
Ce nouvel engagement contre la déforestation fait écho à la Déclaration de New York sur les forêts de 2014, quand de nombreux pays, entreprises et peuples autochtones s'étaient engagés à diviser par deux la déforestation en 2020 et d'y mettre fin en 2030.
Une déclaration ambitieuse, mais non contraignante, soupire CfRN, «Nous avons vu tant de déclarations, d’engagements… qui ensuite ne sont pas mis en pratique, donc attendons de voir si celle-ci prend la même direction».
Une enveloppe insuffisante
Selon une étude réalisée par Coalition for Rain Forest, pour diminuer et arrêter la déforestation, il faudrait une aide de 100 milliards de dollars par an pendant dix ans, soit un trillion de dollars.
«Il faut comprendre que dans les pays en développement, les travailleurs ne taillent pas la forêt pour leur plaisir, pour eux c’est même très dur de tailler un arbre. Mais ils font cela pour survivre… Car ces arbres ont finalement un effet économique pervers», détaille Federica Bietta. Mais aujourd’hui, l’alternative économique proposée à ces populations locales est bien en deçà de ce qu’ils peuvent tirer en taillant un arbre pour planter par exemple du café ou faire un enclos pour les animaux pour cette même terre. «Donc l’enveloppe doit augmenter, et surtout doit être donnée directement aux communautés locales», précise la responsable de CfRN.
Les forêts, piliers de notre écosystème
Dans l’exhortation post-synodale Querida Amazonia, partagée en février 2020, le Pape François appelait à une conversion écologique, revenant sur l’importance de protéger nos forêts : «La protection des personnes et celle des écosystèmes sont inséparables. Cela signifie en particulier que là où la forêt n’est pas une ressource à exploiter, elle est un être, ou plusieurs êtres avec qui entrer en relation. La sagesse des peuples autochtones d’Amazonie encourage la protection et le respect de la création, avec la conscience claire de ses limites, interdisant d’en abuser. Abuser de la nature c’est abuser des ancêtres, des frères et sœurs, de la création et du Créateur, en hypothéquant l’avenir» (3-42)
Les forêts sont en effet précieuses. Au-delà d’abriter des écosystèmes uniques, elles ont un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique, en tant que puits de carbone : c’est-à-dire qu’elles absorbent le dioxyde de carbone, un des principaux gaz responsable du réchauffement climatique.
Par ailleurs, ces forêts tropicales absorbent un tiers des émissions mondiales de carbone. Contrairement aux forêts continentales, la chute des feuilles est moindre et donc l’emprisonnement de dioxyde de carbone peut se faire toute l’année.
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