À la COP26, les pays vulnérables attendent que les occidentaux honorent leurs promesses
Marine Henriot, de retour de Glasgow
Cette notion d’adaptation, de pertes et dommages est assez récente et ne figurait au départ pas dans l’agenda des discussions, sous la pression des ONG et des associations, elle fut ajoutée au menu de cette 26ème conférence des Nations unies sur les changements climatiques.
Au-delà du jargon, ce concept renvoie à la compensation financière des pays responsables des changements climatiques pour réparer les dommages déjà subis dans les pays les plus vulnérables, moins responsables de ce déréglement du climat. Les pays du G20 sont par exemple responsables de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il s’agit en fait de financer les pertes matérielles et immatérielles encourus par les pays qui subissent depuis plusieurs années les impacts du changement climatique. «Petits États insulaires dont les terres ont été submergées, populations déplacées par dizaines ou centaines de milliers, destructions matérielles, désagrégation des communautés, destruction des terres agricoles, dégradation de la santé et bien sûr pertes en vie humaine.», détaille Erick Lachapelle, professeur de sciences politiques à l’Université de Montréal au Québec.
Cette question des pertes et préjudices empoisonne les discussions de la Cop26 de Glasgow. Sur place, l’ONG catholique suisse Action de Carême entend porter la voix des pays les plus vulnérables, pour arriver à plus de justice climatique «Les pays riches ont causé cette crise climatique, donc ils doivent prendre en compte la résolution de cette crise et également financer la résolution des dégâts déjà causés à ce jour», éclaire David Knecht, spécialiste énergie et justice climatique chez Action de Carême.
Promesse non honorée
Dans une démarche de compensation de cette injustice climatique, lors de la COP de Copenhague en 2009, les pays occidentaux s’étaient engagés à verser chaque année, à partir de 2020, une aide de 100 de milliards de dollars au pays du Sud pour les aider dans la lutte contre les changements climatiques. Une promesse non honorée, si bien qu'à la COP de Paris en 2015, le délai pour mettre en place le financement a été repoussé à 2025.
À Glasgow, les pays en voie de développement attendent des mesures concrètes et une feuille de route pour que le financement arrive, c’est ce que nous explique Marie Sylvie Liadé, ingénieure environnement en Côte d’Ivoire: elle attend «énormément de cette COP en termes de mobilisation des ressources, pour les dommages et intérêts, pour les pays africains et particulièrement pour la Cote d’Ivoire.»
Érosion de la côte, inondations à Abidjan, les conséquences du réchauffement climatique se font déjà sentir dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, «les pays industrialisés ont promis de l’aide mais elle n’arrive toujours pas aux populations qui subissent déjà les effets du dérèglement climatique», soupire l’ingénieure environnement, spécialiste du développement durable, de la délégation ivoirienne.
Dans les couloirs de la COP, cette injustice climatique se fait sentir, les pays plus vulnérables sont moins nombreux à avoir fait le déplacement à Glasgow, notamment à cause du prix, de l’obligation vaccinale et de la quarantaine à respecter. «Nos collègues du Brésil et de la Colombie par exemple ont du faire la quarantaine avant de débuter la COP, imaginez quel effort pour les pays du Sud de venir assister à cette conférence, ajoutez à cela les frais de visa… Il en va de même pour les délégations officielles de ces pays.», regrette Bernd Nilles, de la direction d'Action de Carême.
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