En Haïti, la pénurie d’eau et de carburant ralentit le pays
Claire Riobé - Cité du Vatican
Une situation « intenable ». L’ambassade canadienne en Haïti a fait savoir, ce 11 novembre, qu’elle retirait temporairement le personnel non essentiel du pays. L’annonce, qui semblait inévitable au vu de la dégradation de la situation sécuritaire, intervient dans un contexte de pénurie persistante d’eau et de carburant en Haiti.
«Affaires mondiales Canada retire temporairement de l’ambassade du Canada tous les membres des familles des employés canadiens de l’ambassade ainsi que tous les employés canadiens non essentiels», a ainsi indiqué dans un communiqué Affaires mondiales Canada, le ministère en charge des relations consulaires et diplomatiques.
Le Canada a par ailleurs conseillé à ses ressortissants d’éviter tout voyage non essentiel en Haïti, et réaffirmé son engagement à aider le pays «à la réalisation d’un avenir plus démocratique, sécuritaire et prospère.» La diplomatie canadienne s’inquiète pour les 17 citoyens nord-américains enlevés le 16 octobre dernier dans la banlieue de Port-au-Prince, qui n’ont pas donné de signe de vie.
Terminaux pétroliers sous contrôle
Cette pénurie de carburant oblige le pays à vivre au jour le jour. Elle est provoquée par des gangs armés haïtiens, qui contrôlent deux des plus importants terminaux pétroliers de la capitale, Port-au-Prince. Ces trois dernières années, ils ont multiplié enlèvements et actions violentes contre la population et profitent aujourd’hui du vide laissé par l’État pour imposer leur autorité à travers le pays.
La crise du carburant a également un impact sur l’accès des habitants à l’eau potable, certaines usines de pompage ne pouvant fonctionner sans fuel. Certaines municipalités autrefois normalement alimentées manquent aujourd’hui dramatiquement d’eau potable. En 2017 déjà, l’Onu alertait sur le fait que 42% des Haïtiens n’avaient pas accès à l’eau potable, et 7,6 millions d´entre eux manquaient d’installations hydriques essentielles.
Un impact majeur sur l’accès aux soins
Dans ce contexte chaotique, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) alerte depuis plusieurs semaines sur l’impact de l’aggravation de la pénurie de carburant sur les services de santé locaux haïtiens. L’impossibilité d’approvisionner en fuel certaines structures médicales entrave directement l’accès et la continuité des soins pour les habitants.
L’organisation a ainsi été forcée de réduire ses activités à hôpital de Tabarre (banlieue de Port-Au-Prince), le seul centre du pays spécialisé dans le traitement des brûlures graves. «Sans carburant, nous ne pourrons pas faire fonctionner notre hôpital. Nous faisons notre possible pour maintenir nos activités en les adaptant au jour le jour, mais cette situation est intenable », raconte sur place le Dr Kanouté Dialla.
Le personnel médical n’est également plus en mesure de se rendre sur son lieu de travail par lui-même. «Aujourd'hui, nous constatons que seuls 10 % des membres du personnel sont en capacité de venir travailler par leurs propres moyens. Nous organisons des navettes pour transporter nos personnels, et assurer les rotations minimales nécessaires au fonctionnement de l’hôpital. Cela alourdit considérablement la charge de travail du personnel médical présent», déplore le Dr Diall.
Le Centre d’Urgence de MSF du quartier de Turgeau, à Port-au-Prince, est également touché par la crise. Il devient de plus en plus difficile pour la structure de recevoir les patients qui ont besoin d’une prise en charge hospitalière.
Lors de l’Angélus du dimanche 31 octobre 2021, le Pape François a une nouvelle fois exprimé son attention envers la population haïtienne. «Je demande aux responsables des nations de soutenir ce pays, de ne pas le laisser seul. Et vous, en revenant à la maison, cherchez des nouvelles sur Haïti, et priez, priez beaucoup», a-t-il demandé aux fidèles qui l’écoutait.
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