L'Éthiopie, minée par ses rivalités ethniques
Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
En Éthiopie, l’avancée des rebelles séparatistes se poursuit vers la capitale Addis-Abeba. Les combattants du Front de libération du peuple du Tigré, le TPLF, ont été rejoints par d’autres groupes de combattants contre le pouvoir central, comme l'Armée de libération Oromo (l'OLA). Selon l'un de ses membres, la prise d'Addis-Abeba serait «une question de mois, si ce n’est de semaines».
Malgré les messages rassurants du premier ministre Abiy Ahmed, l'état d'urgence a été déclaré sur tout le territoire le 2 novembre et le chef du gouvernement fédéral a appelé la population à prendre les armes pour se défendre.
Cette partition du pays et ces menaces sur la capitale semblent une répétition de l’histoire: il y a 30 ans en effet, fin mai 1991, le lieutenant-colonel Menguistu était poussé à l’exil par une coalition rebelle, incluant le TPLF qui prit la capitale sans effusion de sang. S'en suivirent plus de 20 ans de pouvoir de la part des Tigréens.
Arrestations inquiétantes
Ces derniers jours, des arrestations de centaines de Tigréens, parmi lesquels des missionnaires salésiens, font craindre le pire. De nombreux observateurs sur le terrain et des ONG s'inquiètent d'un "tri ethnique". Côté TPLF, plusiseurs diplomates soulignent qu'il n'y a aucune volonté de négocier tant qu'aucune aide humanitaire n'arrivera au Tigré.
«Il n'y a pas les bons d'un côté et les méchants de l'autre. Il n'y a que des victimes de chaque côté», a tonné l'ambassadrice américaine auprès des Nations-Unies, Linda Thomas Greenfield, lors d'un débat au Conseil de sécurité sur la crise éthiopienne. «Il est grand temps de baisser vos armes.»
L’Éthiopie semble ainsi n’en avoir jamais fini avec ses divisions claniques. Éclairage des dynamiques en cours avec Gérard Prunier, ancien directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la Corne de l’Afrique
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