A Madagascar, célébrer Noël malgré la sécheresse et la famine
Marine Henriot – Cité du Vatican
La saison des pluies était attendue pour octobre. Mais seules quelques gouttes tombent depuis deux semaines, nous informe le père Jean-Chrys, fondateur de l’association SOS Toliara, à la veille de Noël. Alors quand l’eau tombe, la population se rue dehors pour se doucher sous les précipitations, remplir des cuvettes d’eau… Cependant, cette eau miraculeuse est aussi un poison, raconte le père Jean, sans toilette ni système de traitement des eaux, le liquide récolté dans les flaques transporte grand nombre de maladies.
Un manque d’eau qui apporte la misère : dans la pointe sud de l’île de Madagascar, la plupart des personnes vivent des cultures, mais cette année les semis n’ont pas poussé. «La situation ne s’améliore pas, les gens n’osent plus semer, ils ont peur de perdre la semence comme elle ne pousse pas», détaille le religieux. Selon l’Unicef, un demi-million d’enfants de moins de 5 ans vont prochainement souffrir de malnutrition, et la sécheresse actuelle est la pire depuis 40 ans, notent les Nations-unies, la production locale de riz et de maïs a chuté de presque 60% ces dernières années.
Une goutte d’eau dans l’océan
Durant toute la semaine de Noël, l’association SOS Toliara relève un défi immense : parcourir les villages des environs et organiser des repas de Noël, pour nourrir les estomacs et faire oublier durant quelques instants de grâce ces difficultés du quotidien. A bord de sa jeep, le père Jean parcourt les longs kilomètres de pistes qui séparent les villages, et veut rencontrer le plus d’habitants possible, «nous cherchons à prioriser les enfants et les personnes vulnérables», détaille-t-il.
Grace aux donations, le repas de Noël se compose de viande et de riz, également de pain et de lait pour les enfants et les personnes âgées. «Ce que nous faisons est une goutte d’eau dans l’océan, soupire le père Jean, plus nous faisons ce travail, plus nous constatons que les besoins sont immenses, je vous encourage, je vous supplie de nous aider», témoigne-t-il.
De longs mois de sécheresse
Déjà en août, le père Jean nous faisait part de son la situation extrême dans la région. «Les gens mangent des feuilles de cactus, en évitant les épines», nous détaillait-il, «beaucoup d’enfants meurent de faim». Désespérés, certains malgaches en viennent à manger des chutes de peau d’animaux, jetées par les cordonniers, «Ils font tout ce qu’ils peuvent pour trouver quelque chose à manger, ils récupèrent tout».
Le gouvernement estime que la famine n’existe pas dans cette région, détaille le fondateur de l’association SOS Toliara, qui dénonce également la corruption dans son pays. Les aides destinées à ceux qui ont faim atterrissent finalement dans les poches «des plus fourbes».
«Sincèrement, on se sent vraiment abandonné, il n’y a pas de justice.», soupire le père Jean-Chrys.
Pour retrouver et aider l'association SOS Toliara : c'est ici.
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