À Calais, la messe de la nuit de Noël célébrée par l'évêque d'Arras parmi les migrants
Une centaine de personnes, dont 25 migrants, des associatifs et des Calaisiens venus en soutien, ont assisté vendredi soir à une messe de Noël, célébrée par l'évêque d'Arras sur un parking proche d'une zone de campement à Calais.
Un autel avait été sommairement dressé sur une table d'appoint. Ils se sont serrés sur quelques bancs, des chaises de jardin ou debout, écoutant et priant pendant une heure avant de partager une boisson chaude.
Les migrants présents étaient essentiellement des Érythréens, de confession orthodoxe, habitués à camper à proximité de ce terrain vague à l'est de Calais, où des associations distribuent quotidiennement des repas. «La situation est tellement précaire pour ces gens-là que je préfère être avec eux», a expliqué à l'AFP l'évêque d'Arras, Mgr Olivier Leborgne.
Cette «météo pourrie», ces «moyens pauvres», «ce sont les conditions réelles dans lesquelles vivent ces gens», a commenté le père Philippe Demeestere, à l'origine de cette cérémonie. Ce jésuite avait proposé l'idée en octobre, alors qu’il menait une grève de la faim pour protester contre la répression des migrants sur le littoral du Nord et du Pas-de-Calais, point de départ des traversées vers l'Angleterre.
Cet aumônier du Secours Catholique avait cessé de s'alimenter pendant 25 jours, au total réclamant notamment l'arrêt des évacuations de camps. Il a recommencé à s’alimenter mais sans renoncer à son plaidoyer. Depuis le 28 novembre, premier dimanche de l'Avent, il campe régulièrement avec les exilés érythréens.
Réveiller les consciences
En octobre dernier, il nous confiait les raisons de son combat. «Les consciences sont commes anesthésiées par l'habitude, endormies par des prudences qui sont largement partagées, jusque dans nos églises, pour ne pas créer du désordre, et il est important de manifester à travers ce moyen d'expression. On ne veut pas que cela perdure. Nos revendications sont très simples: elles portent uniquement sur la période hivernale. Il s'agit simplement de faire droit à la plus simple humanité et de permettre ici aux exilés de ne pas être expulsés durant l'hiver, de ne pas se voir confisquer leurs tentes ou leurs effets personnels», expliquait-il.
«Ce qui se passe ici n'a pas lieu dans un pays à 10 000 kilomètres, à propos duquel on pourrait dire "on ne peut rien faire". L'abbé Pierre parlait "d'insurrection des consciences", il y a bien quelque chose de cela qui doit se produire», nous avait-il alors confié.
(Avec AFP)
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