Face à l'énigme du Caravage, des chercheurs internationaux confrontent leurs travaux
Vatican News, avec Paolo Ondarza - Cité du Vatican
Si beaucoup de croyances entourent la figure du Caravage, nombreuses sont en passe d'être démystifiées. Ainsi de la légende qui voudrait, par exemple, faire du peintre lombard un athée, un mécréant ou un hérétique. Le rapport du grand artiste à la foi chrétienne, qui a récemment fait l'objet de nouvelles recherches, était le thème de la session inaugurale du congrès «1951-2021, L’énigme Caravage. De nouvelles études en comparaison».
Ce congrès, qui se tient en ligne jusqu'au 28 janvier, a été lancé au sein de l’université de la Sapienza de Rome et l’Académie Urbaine des Arts, par les historiens de l’art Sergio Rossi et Rodolfo Papa. Il donne l'occasion à près de 40 experts internationaux de confronter leurs recherches sur l'un des plus grands peintres de tous les temps, et de mettre au jour des pans de son histoire encore mystérieux.
Deux anniversaires
L’occasion était belle: le mois de septembre 2021 marquait les 450 ans de la naissance de l'artiste. Cette année 2022 signe, quant à elle, les 70 ans d'une exposition mémorable organisée au sujet du peintre au printemps 1951, par l'historien de l'art Roberto Longhi.
Le grand absent
Cette exposition a marqué un tournant dans la découverte du Caravage comme l'un des géants de l'Histoire de l'art auprès du grand public. Auparavant, le peintre était le grand absent de l'art italien du XVIIe siècle, l’historiographie et l’histoire critique s'étant encore peu penchées sur ses oeuvres. Un détail qu'a relevé, ce 13 janvier, la directrice des Musées du Vatican lors de la séance d'ouverture du Congrès. Le nom du Caravage est absent de la façade du grand édifice de la Pinacothèque vaticane, réalisé par Luca Beltrami sur ordre du Pape Pie XI et inauguré en 1932, a-t-elle fait remarquer.
Le Caravage et la foi
La session d'ouverture du congrès s'est consacrée au rapport qu'entretenait Le Caravage à la foi chrétienne. «Avant la réévaluation du Caravage par Roberto Longhi, le peintre était considéré comme hérétique, une personne trop crue dans sa façon de représenter le sacré», explique à Vatican News Barbara Jatta. «Cette vision a été renversée par les recherches des soixante-dix dernières années». Il aura ensuite fallu plusieurs décennies pour que la foi et la spiritualité du Caravage apparaissent dans toutes leurs dimensions.
«La Mise au tombeau» au Musées du Vatican
Les musées du Vatican abritent actuellement l'un des plus grands chef-d'œuvres du peintre lombard, le tableau de «La Mise au tombeau» (ou «Déposition du Christ»). Lors de la création de la Pinacothèque vaticane dans les années 1930, le tableau a été placé en position centrale dans la Sala Barocca. «L'œuvre provient de l'église romaine de Santa Maria in Vallicella, d'où elle a été prélevée pendant la campagne napoléonienne et exposée au Louvre en France», rappelle le directeur des Musées du Vatican. «En 1815, Canova la rendit à Rome et elle fut ensuite placée au Vatican. Le tableau témoigne de la grande dévotion de l'artiste et de ses mécènes», indique-t-il.
La vie tourmentée et fascinante du Caravage comporte toujours de nombreuses parts d'ombre. Parmi les thèmes abordés au cours de ce congrès, les chercheurs échangeront sur le rapport du Caravage à ses parents, les raisons de son départ de la ville de Milan, ou encore son influence stylistique dans la peinture internationale, de l’Espagne à l’Amérique latine. Plus d’informations peuvent être retrouvées sur le site internet de la conférence.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici